Une machine quelconque
Les paris tenus au compte-gouttes Bernent les drapeaux de l’isthme Sur le soleil avec les taches des abbés L’entonnoir pose ses lèvres
Une machine quelconque
Les paris tenus au compte-gouttes Bernent les drapeaux de l’isthme Sur le soleil avec les taches des abbés L’entonnoir pose ses lèvres
– Jean Richepin Interludes
Sonnet acrostiche et mésostiche
MAURICE BOUCHOR ET RAOUL PONCHON
Avec vous j’ai fait Toutes mes retraites.
Un même plaisir Rassemblant nos crêtes,
Rougissait nos nez Au même cruchon.
Ivrognes sacrés, Oints du dieu Bouchon,
Celébrons sa messe, Usons ses burettes,
Et versons en nous les rouges aigrettes,
Bouchor, mon trésor, Ponchon, mon bichon !
On fait bien de rire ! On pleurera vite.
Un jour de bonheur N’est qu’un jour sans suite.
Celui-ci fut beau, Chers amis, tant mieux !
Hélas ! Quel cruel Hourvari nous presse !
On avait vingt ans ! … On s’éveille vieux ! …
Rien ! Plus rien ! Du vent !, Notre jeune ivresse !
Q15 T14 – banv – tara acrostiche
– Mélot du Dy in Le Disque vert
Sonnet pour M. Max Jacob
Père ! protégé de silence !
Méchant ! des grâces visité !
C’est bien le diable, c’est bien l’ange,
Si je n’entends la vérité.
Or, je vous nomme, et sur la langue,
C’est un goût d’immortalité :
Monsieur, votre œuvre est excellente
(Les gentils vous ont imité).
Honneur au poète célèbre !
Mais gloire au poète céleste,
L’heureux démon que Dieu défend !
Et l’ange murmure en cachette :
Monsieur Jacob, voyez l’échelle,
Voyez tous vos petits enfants …
Q8 T15 octo
– André Breton – Clair de terre
Le madrépore
Les paris tenus au compte-gouttes
Bernent les drapeaux de l’isthme
Sur le soleil avec les taches des abbés
L’entonnoir pose ses lèvres
Par une criminelle attention
Tu soutiens les cartes d’état-major
On presse la poire de velours
Et il s’envole des monticules percés
Le battoir masque les neiges
Promises à l’équateur
Des boites de baptême tournantes
Sans bruit sur les tapis de tapioca
Les marchés se ternissent poulies
De caresses pour les vieux vents
vL – vers plutôt octosyllabiques
– Paul Jourdy Le sculpteur de lumière
Caricature militaire (adjudant modèle 189…)
Haut en couleur mais court sur pattes, débordant
De zèle intempestif, et toujours défendant
Sa dignité que nul n’attaque cependant,
Le geste sec, le verbe ‘actif’ et redondant,
Des tas de noms de dieux sont en réserve dans
Sa g..orge, avec la soif de tout f..ourrer dedans;
Et, dans son cœur, l’amour pour de grasses enfants
Qui ne lui ont laissé que souvenirs cuisants …
Inélégant d’ailleurs autant que militaire,
Il rêve pour ménage une chambrée austère
Avec parquets dorés où se flanquer par terre,
Où sa dame, alignée à gauche de sa mère,
Attendrait sa venue au garde-à-vous parfait
Et lui ‘présenterait l’arme’ avec un balai.
aaaa aaaa – T2
– Blaise Cendrars Sonnets dénaturés
7
Le musickissime
– Blaise Cendrars Sonnets dénaturés
6
Académie Médrano
Aragon – (Les Destinées de la poésie)
Le fantôme de l’honnêteté
Quand on a peiné tout le jour
Fait son devoir gagné son pain
Tour à tour
On est bien heureux de trouver son coin
Pour dormir jusqu’au lendemain
Afin de peiner son pain tout le jour
Gagner son devoir et perdre son tour
Coin-coin
Qui n’a pas son petit canard
Son petit pain
Son petit lupanar
Son petit bonheur son petit soleil
Son petit sommeil
Coin-coin
VL – disp: 8+5+1
Aragon – (Les Destinées de la poésie)
La naissance du printemps
Avril renaît Voici ses rubans et ses flammes
Ses mille petits cris ses gentils pépiements
Ses bigoudis ses fleurs ses hommes et ses femmes
Je lui fais de ses couleurs tous mes compliments
Dieu que de besoins fous sous l’appui des fenêtres
Nous n’avons pas fini de compter les baisers
Il y a des semaines entières sous les hêtres
Où chantent les pinsons au plumage frisé
Avril n’a pas toujours vécu sous les lambris
Il fut petit pâtissier puis compte-goutte
Il gagna son pain à la sueur de son front
De fil en aiguille il devint contrôleur des finances
Enfin par un soleil de tous les diables
Il tomba tout à coup amoureux
Q59 – T.exc. – m.irr
– Aragon – Le mouvement perpétuel –
Un air embaumé
Les fruits à la saveur de sable
Les oiseaux qui n’ont pas de nom
Les chevaux peints comme un pennon
Et l’Amour nu mais incassable
Soumis à l’unique canon
De cet esprit changeant qui sable
Aux quinquets du temps haïssable
Le champagne clair du clairon
Chantent deux mots panégyriques
Du beau ravisseur de secrets
Que répète l’écho lyrique
Sur la tombe Mille regrets
Où dort dans un tuf mercenaire
Mon sade Orphée Apollinaire
Q15 – T23 – octo