Le malheur m’a jeté son souffle desséchant. — 1834 (2)

Louise Colet Pensecosa (ed. 1840)

Sonnet

Le malheur m’a jeté son souffle desséchant.
De mes doux sentiments la source s’est tarie,
Et mon âme incomprise, avant l’heure flétrie,
En perdant tout espoir perd tout penser touchant.

Mes yeux n’ont plus de pleurs, ma voix n’a plus de chant,
Mon cœur désenchanté n’a plus de rêverie ;
Pour tout ce que j’aimais avec idolâtrie
Il ne me reste plus d’amour ni de penchant.

Une aride douleur ronge et brûle mon âme,
Il n’est rien que j’envie et rien que je réclame ;
Mon avenir est mort, le vide est dans mon cœur.

J’offre un cœur sans pensée à l’œil qui me contemple ;
Tel sans divinité reste quelque vieux temple,
Telle après le banquet la coupe est sans liqueur.

Q15  T15

(d’après Christine Planté (ed.) : Femmes poètes du dix-neuvième siècle (1998))

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.