La machine frémit en cavale essoufflée ; — 1843 (23)

Auguste Argonne (in vers)

Le chemin de fer
A Auguste Barbier

La machine frémit en cavale essoufflée ;
Elle crie, elle siffle, et s’ébranle en avant;
Elle vomit le feu ; par la plaine rêvant,
Se porte, ou sous un roc prend une sombre allée.

Tout-à-tour sur un pic ou dans une vallée,
On dirait un vaisseau qui suit le flot mouvant ;
Et l’on voit fuir, ainsi que sous l’aile du vent,
Maisons, fleuves, forêts et campagne envolée.

L’orgueilleux créateur, regardant se mouvoir,
Son œuvre, ne sait plus où finit son pouvoir
Et d’un nom immortel en souriant le nomme.

Il ceindra l’univers d’un fer audacieux,
La fumée emplira la nature et les cieux,
Et l’homme désormais ne connaîtra que l’homme.

Q15  T15

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.