Toujours en te lisant j’ai cru sentir, Poète, — 1843 (25)

Philippe Busoni Etrusques

Sonnet sur Dante

Toujours en te lisant j’ai cru sentir, Poète,
Comme un être charnel frissonne sous ton vers ;
Il souffre, à ses sanglots répondent les enfers ;
Il aime, et ses soupirs un ange les répète.

C’est le cri du damné, c’est le chant du Prophète,
C’est l’homme-Dieu mourant ; à ses pieds l’univers
En proie aux passions, gouffres toujours ouverts,
Et le ciel qui rayonne et splendit* sur sa tête.

C’est la lyre et le glaive, oui la lyre d’airain
Et le glaive sacré de la théologie
Qui brillent dans ta main vengeresse et rougie.

Béatrice est l’esprit, le Virgile serein
La forme, ainsi tu vas dans ta grande Elégie
Et l’homme effrayé pense au juge souverain.

Q15  T28 * un ‘disparu du Littré’ (HN°: avoir de la splendeur. « Elle voyait grandir et splendir à mesure / Du céleste captif la touchante figure / (Lamartine – La chute d’un ange)

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