A l’âge où notre front se flétrit et se marbre, — 1866 (3)

Louis Goujon

Sonnets. Inspirations de voyage
Rimes Humouristiques, trio de sonnets à Théodore de Banville

II

A l’âge où notre front se flétrit et se marbre,
Nous avons vainement interrogé le sphinx.
Vétéran des salons, polis comme du marbre,
Nous portons sur la vie un dur regard de lynx.

L’Amour ne revient plus s’ébattre sous notre arbre,
Les chansons du Printemps fatiguent le larynx;
Les enfants on grandi, l’intérêt nous désarbre
Les bois où soupirait la flute de Syrinx.

Autrefois, nous voulions l’énivrement des valses,
Notre trop plein coulait comme celui des salses;
Aujourd’hui nous sentons le dard aigu du spleen.

Nous avons à venger des crimes comme Electre,
Partout des libertés se dresse aussi le spectre,
Et pourtant nous rêvons tout l’or d’un Aberdeen.

Q8 – T15 Autre exercice en rimes rares: – arbre – inx – alses – een – ectre (le verbe ‘désarbrer est inconnu du tlf et des ‘disparus du littré’)

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