Ernest d’Hervilly – Etrennes du Parnasse pour l’année 1874
Aurore nocturne
Il fait nuit. Pas de lune. Au fond d’un vallon noir
Brillent tranquillement, étoiles de la terre,
Les feux clairs des maisons. – Toi qui passes le soir
Au flanc de la colline, étranger solitaire,
Toi dont le pas s’éteint sans bruit sur le gazon,
Comme le pas d’un Elfe à l’oeil plein de malice,
Vois-tu cette lueur immense à l’horizon?
C’est l’Aube du Viveur! C’est l’Aurore du Vice!
Paris est là! – Paris, l’ogre énorme qui veut
Toujours boire, toujours manger, aimer sans trève
Et qui, pour s’éclairer, lorsque le jour s’achève
S’est fait avec la houille un astre sans saveur!
Or, là-bas, sur la ville, à l’heure où nait le rêve,
Ce n’est pas le soleil, c’est le Gaz qui se lève!
Q59 – T29