Elle montait, toujours à la même heure, pâle — 1874 (15)

Paul DelairEtrennes du Parnasse pour l’année 1874

L’attente

Elle montait, toujours à la même heure, pâle
Et lente, l’escalier du cloître, au fond des bois,
Et, d’une niche obscure où rêve un Christ en croix,
Considérait l’espace où poudroyait le hâle.

On ignorait son âge, et son nom, virginale
Et douce, elle baissait de temps en temps la voix
Et passait comme un souffle, en ses habits étroits;
Et le jour traversait sa blancheur sépulcrale.

Un jour, nul ne la vit descendre. L’on n’osa
Troubler sa rêverie. – Et le temps se passa;
Elle resta figée au mur, l’année entière.

Une novice enfin près d’elle se glissa,
Et la voyant pareille aux pierres, la poussa …
Alors, elle tomba doucement en poussière.

Q15 – T6

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.