– C’est un décor! Un coin de mer, un bout de côte, — 1890 (14)

Ernest Raynaud Les cornes du faune

Pastels

I
– C’est un décor! Un coin de mer, un bout de côte,
Elle y profile élégamment son nu de soie,
Sous la jupe, à chaque fois qu’elle tressaute,
Incontinent, le pli de l’aine s’aperçoit.

Les deux bras, dès qu’un geste opulent les déploie,
Une étoile apparaît d’un blond très doux d’épeautre,
Et sa toison dévolue à quels Argonautes.
Tant de bijoux la surchargent, qu’elle flamboie.

Elle a l’éclat, elle a la grâce d’une plume
Et sa robe n’est plus qu’une légère écume,
Au gré du flot qui court et saute, musical

C’est l’ouragan et c’est la trombe ! elle tournoie,
Puis dans les bras du Céladon qui la reçoit
Expire sur un cri triomphal de cymbales!

Q10 – T15 – Le fait que des vers riment sur des couples masc/ fem ne joue pas de rôle particulier dans la structure du sonnet, et marque seulement l’affaiblissement, qui s’accélère, de la notion classique de rime au profit de l’oralité (affaiblissement aussi de la notion de césure !)

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