Du Moêt, de la bisque, une caille et terrine — 1893 (8)

Romain Coolus in Revue Blanche

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A la suite d’incidents de la plus haute gravité, le fol amant rompt avec sa maîtresse, mais il a appris sur elle des choses terribles et il ne craint pas de les lui jeter au visage. Après tout, ce n’est peut-être pas un homme très bien élevé. Cependant il a le sentiment des nuances. Car après avoir badiné et raillé en versiculets, il accuse et juvénalise en alexandrins des plus duodécipèdes. Il récapitule amèrement.

Du Moêt, de la bisque, une caille et terrine
De foie, en cabinet, après minuit, l’hiver,
Pendant que ton mari trafique à Vancouver,
Tel fut le rêve de ton âme adultérine.

Et très assidument tu devins pèlerine
De la maison Aurée où le second couvert
Tantôt par l’un tantôt par l’autre fut couvert;
Des ongles très sélects grattèrent ta poitrine.

D’une impudicité qu’envieraient les putains
Lorsqu’aux volets se subtilisaient les matins,
Sur les divans pulmonaires, en robe nue,

Creusée aux blancheurs sales du jour levant
Tout en offrant ton sexe en posture ingénue,
Tu rotais le champagne et le Moulin-à-vent.

Q15 – T14 – banv

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