Louis Goujon Sonnets. Inspirations de voyage
Rimes Humouristiques, trio de sonnets à Théodore de Banville
I
J’étais comme une barque à l’abri dans un havre,
Vidant joyeusement ma bourse et mon hanap;
Maintenant, je suis roide, et froid comme un cadavre,
J’ai la pâleur du coing et je bois du jalap.
Le désir de la mer m’entraîne vers Le Havre,
L’amour des hauts sommets me pousse jusqu’à Gap;
Mais je souffle en montant, où le passé me navre,
Et j’ai peur du naufrage en doublant quelque cap.
Amis des droits vaincus, mon vers défend le peuple;
Je dis à l’Avenir: « l’Irlande se dépeuple,
Accours la consoler, Dieu le veut … allons, houp! »
Puis je songe à dormir à l’ombre, sous un trèfle.
Un torride soleil rend mou comme une nèfle;
Je m’attends à mourir du typhus ou du croup.
Q8 – T15 Exercice de rimes rares: -avre – ap – euple – oup – èfle (TLF) jalap : Plante proche du liseron, très répandue en Amérique du Nord, dont la racine tubéreuse est utilisée comme purgatif :
Au milieu des lianes de jalap pleines de corolles parlantes Les grands échassiers gris et roses se régalent de lézards croustillants et s’envolent avec un grand bruit d’ailes à notre approche. CENDRARS, Du monde entier au cœur du monde, Vomito negro, 1957, p. 144. – P. méton. Extrait de la racine de la plante aux propriétés laxatives.