Tu fus un bon bourgeois de ta petite ville, — 1921 (16)

Emile Faguet Chansons d’un passant

Emmanuel Kant

Tu fus un bon bourgeois de ta petite ville,
Tu vécus solitaire et comme clandestin ;
Sans jamais réfléchir un horizon lointain,
Le ruisseau de tes jours coula calme et tranquille.

Mais tout jeune tu pris ton front pur dans ta main,
Dédaignant du dehors le tumulte stérile,
Et de tes yeux fermés le regard immobile
Traversa, net et froid, l’ombre du cœur humain.

Là, levant lentement les lourds voiles du doute,
Comme une lampe d’or pendue aux saintes voûtes,
Tu vis la Loi-Devoir écrite en traits de feu.

Et tu te relevas plein d’une fierté franche…
Tu t’aperçus alors que ta tête était blanche
Et, les yeux vers le ciel, tu t’écrias : « Mon Dieu !

1873.

Q16 – T15

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