Marc du Velay Les Vélaviennes
Le vrai bien
« Aimer c’est la moitié de croire » Victor Hugo
On se sent malheureux: on va chercher bien loin
L’égoïste travail, l’orgueil vain, l’or avare,
Et comme on oublîrait son bâton dans un coin,
On laisse à la maison le bonheur, cher cousin.
Pourtant c’est ici-bas le trésor le plus rare.
Nos pères nous traçaient un paisible destin,
Mais par d’autres sentiers le hasard nous égare,
Et nous voudrons, trop tard, suivre le bon chemin.
Quand je vois l’humble tour du tranquille domaine
Où doucement coulaient les jours de nos aïeux,
Limpides comme l’eau que verse ta fontaine,
Je sens que pour l’enfant le seul vrai bien, le seul!
Habite sous le toit où mourut le vieux père,
Où vous aimaient vos soeurs, où priait votre mère.
abaa baba – cxc ydd Remarquons que si ‘seul’ ne rime pas avec ‘aïeux’, il rimerait avec le singulier ‘aïeul’. J’ai accueilli 7 sonnets de ce poète dans mon choix, ce qui est beaucoup. Ils présentent chacun quelque particularité assez rare. Comme ils sont, poétiquement, plutôt médiocres, comme Auguste Blanchot (c’est son vrai nom) était un provincial dont l’œuvre est resté quasi inconnue, on pourrait croire que la présence de deux vers ne rimant pas dans ce sonnet est due à l’ignorance. Or, l’auteur montre dans son livre qu’il connaît bien la versification. Il sait ce qu’est un alexandrin et respecte les règles de la rime admises à son époque. Je pense qu’il aurait très bien pu écrire ‘les jours de mon aïeul » et que le pluriel, intentionnel, fait partie de son traitement expérimental de la forme-sonnet. L’inventivité formelle n’est pas une garantie de la valeur poétique du résultat.