Archives de catégorie : T28 – cdd cdc

C’est un sonnet, pardonnez-moi. — 1872 (29)

Albert MillaudPetite Némésis


Quatorze vers

C’est un sonnet, pardonnez-moi.
En librairie il est d’usage
De mettre en tête d’un ouvrage
Une profession de foi.

Ces propos de première page
Font, – je n’ai jamais su pourquoi –
Chez le lecteur naître l’effroi …
On les lit peu – c’est bien dommage.

Mon avant-propos me gênait.
Pourtant il faut que je le fasse.
On peut me lire sans grimace.

Je suis très-court, très-bref, très-net ….
– Mais c’est toujours une préface!
Pardonnez-moi, c’est un sonnet.

Q16 – T28 – octo – s sur s

Je n’ai reçu pour apanage — 1865 (4)

Edouard Monod Le cœur et les lèvres

Préface courte

Je n’ai reçu pour apanage
Qu’un peu d’esprit, ainsi que Dick* :
– Assez pour faire un badinage
Trop peu pour en faire trafic.

En faveur de mon très-jeune âge,
Je demande grâce au public.
Je me suis souvent mis en nage,
Souvent même j’ai pleuré (sic),

Pour composer ce petit tome
De rimes, j’ai bien peur, vraiment,
Qu’on n’en ait pas pour son argent.

Enfin, l’on verra. – C’est, en somme,
L’histoire de mon cœur d’enfant
Et de mes péchés de jeune homme.
* En Angleterre, nom de clown

Q8  T28  octo

Je dansais avec vous, vous qu’en tremblant je nomme; — 1855 (8)

Jules Marchesseau Les croyances

Sonnet à mlle Cécile de ***

Je dansais avec vous, vous qu’en tremblant je nomme;
Vous me disiez: ‘ J’ai vu R*** aujourd’hui. »
Et, si de trop d’éclat vos yeux bleus n’avaient lui,
Je vous eusse conté le propos d’un grand homme:

– Un jour qu’en Ibérie il allait, plein d’ennui,
César, voyant un bourg pauvre et laid devant lui,
Dit à ses compagnons: « J’aimerais mieux, en somme,
Etre ici le premier que le second à Rome. »

– De César et de vous les titres sont égaux,
Car génie et beauté portent un diadème:
Cécile aux blanches dents, penseriez-vous de même?

Vous plairait-il aussi régner sur nos hameaux
Plutôt que?  – Mais, hélas!, pour être au rang suprême,
Vous n’avez pas besoin d’abandonner Bordeaux

Q18 – T28

Toujours en te lisant j’ai cru sentir, Poète, — 1843 (25)

Philippe Busoni Etrusques

Sonnet sur Dante

Toujours en te lisant j’ai cru sentir, Poète,
Comme un être charnel frissonne sous ton vers ;
Il souffre, à ses sanglots répondent les enfers ;
Il aime, et ses soupirs un ange les répète.

C’est le cri du damné, c’est le chant du Prophète,
C’est l’homme-Dieu mourant ; à ses pieds l’univers
En proie aux passions, gouffres toujours ouverts,
Et le ciel qui rayonne et splendit* sur sa tête.

C’est la lyre et le glaive, oui la lyre d’airain
Et le glaive sacré de la théologie
Qui brillent dans ta main vengeresse et rougie.

Béatrice est l’esprit, le Virgile serein
La forme, ainsi tu vas dans ta grande Elégie
Et l’homme effrayé pense au juge souverain.

Q15  T28 * un ‘disparu du Littré’ (HN°: avoir de la splendeur. « Elle voyait grandir et splendir à mesure / Du céleste captif la touchante figure / (Lamartine – La chute d’un ange)

En dépit de Boileau je suis un romantique — 1841 (1)

N(icolas) Martin. – Ariel. Sonnets et chansons, suivis d’une traduction de Pierre Schlémihl –


Le Sonnet défini par lui-même

En dépit de Boileau je suis un romantique
Epris de fantaisie et de charmants échos,
Et de nouveaux amours, et de rêves nouveaux,
Vrai Sylphe de l’esprit, Ariel poétique.

Ivre de doux parfums et de douce musique,
Par l’Italie en fleurs un soir je suis éclos,
Tandis qu’un rossignol chantait sur les rameaux.
– Est-ce ainsi qu’eût pu naître un poème classique?

J’aspirais, j’écoutais, quand Pétrarque me prit:
Et l’air du rossignol je le redis pour Laure;
Pour maints coeurs amoureux je le redis encore.
– Mais je suis vieux, dit-on – Imposteur qui le dit!
Ephémère immortel, je renais chaque aurore,
Ou plutôt je m’endors quand l’oiseau s’assoupit.

Q15 – T28 – s sur s – 4+4+6

Je vous ai vue, et votre douce image — 1819 (3)

François de La Pommeraye Recueil des poésies de Mr F.D.L.P

A Madame Adèle T.

Je vous ai vue, et votre douce image
S’est emparée aussitôt de mon coeur;
Je vous ai vue, et votre doux langage
M’a fait rêver aussitôt de bonheur!

Rêve charmant, ne sois pas une erreur!
Fils de Vénus, achève ton ouvrage!
Fais partager une si vive ardeur,
Et je te jure un éternel hommage!

Naguère ainsi je présentois mes voeux
Au jeune Dieu qu’on adore à Cythère;
L’enfant malin sourit de ma prière,

Et dit: veux-tu communiquer tes feux;
Sache qu’aimer n’est rien sans l’art de plaire.
Voilà, voilà le secret d’être heureux!

Q11 – T28 – déca