Archives de catégorie : rons

Q15 – T15

Alors qu’un franc courtier tient en main bonne affaire — 1817 (5)

–  A. Poujol Sonnet Impromptu – A des commerçans qui ont abusé de la confiance d’un commissionnaire


Alors qu’un franc courtier tient en main bonne affaire
S’il connoît des marchans qui veulent la traiter
Seroit-il pas un sot s’il alloit s’arrêter
A celui qui toujours lui rogne son salaire ?
Plus encore aux marchands d’un âpre caractère,
Qui ne connoissant point l’art de se respecter,
Et celui, moins encor, le grand art de traiter,
Contents de s’épargner un modique honoraire.
Quand un courtier loyal leur a lâché le nom
Et le prix du vendeur, sur bon échantillon,
Ils refusent soudain ce qu’ils brûlent de prendre.
Que font ces maladrois ? ils traitent sans courtier,
Risibles ignorans du jeu de ce métier
Qu’il pretent dix pour un, trop sots pour bien comprendre.

Q15  – T15 – sns

Du Sonnet tant vanté par le fameux Boileau, — 1814 (1)

–  J. Blondeau (de Commercy) in Almanach des Muses

Sonnet à Madame P***

Du Sonnet tant vanté par le fameux Boileau,
Je voudrais, en ce jour, ressusciter la gloire.
Bientôt on reverrait, si l’on voulait m’en croire,
La Ballade briller, ainsi que le Rondeau.

Le noble Chant Royal, que l’on trouvoit si beau,
Parmi nous reviendrait célébrer la victoire,
Aux faits de nos guerriers, faits dignes de mémoire,
La pompe donnerait un lustre tout nouveau.

Du Lai, du Virelai, des simples Vilanelles,
Reparaîtraient aussi les grâces naturelles;
Le Triolet plairait pour sa naïveté.

Du Dieu de l’Hélicon s’accroîtrait la richesse;
Et désormais amis, sur les bords du Permesse,
L’ennui ne naîtrait plus de l’uniformité.

Q15 – T15 s sur s

Dans l’Almanach des Muses, cette plainte sur la décadence du sonnet, première occurrence d’une longue série de ‘sonnets sur le sonnet’

L’espérance est pour l’homme un filtre merveilleux; — 1802 (1)

Don Juan Laurencin Fables et poésies diverses

Sonnet

L’espérance est pour l’homme un filtre merveilleux;
Otez à son esprit l’élan de l’espérance,
Et l’homme doit haïr sa pénible existence;
Par l’espérance il peut quelquefois être heureux.

Trompé le plus souvent dans l’objet de ses voeux,
Le bonheur lui sourit dans la moindre apparence,
Le sort aggrave-t-il aujourd’hui sa souffrance?
Il s’en consolera; demain il ira mieux.

Triste condition! L’homme de sa misère,
N’a pour soulagement qu’une pure chimère.
Rendons grâces au ciel cependant de l’avoir.

Ne m’abandonne point aimable enchanteresse,
J’aime à vivre avec toi dans une douce ivresse,
Il ne reste plus rien, quand on n’a plus d’espoir.

Q15 – T15

Exemple d’une disposition de rimes qui a été très présente dans les premiers sonnets en langue française au 16ème siècle. Elle est due à Marot. C’est celle de la plupart des sonnets des Amours de Ronsard. Le sonnet français du 19ème siècle en a hérité. Le poème est en alexandrins. La suite des rimes se décrit ainsi: abba abba ccd eed