Archives de catégorie : incise

incise 1859

———————————————————————————————————————-

(arv) Cette année-là, Henry Wadsworth Longfellow traduit en anglais le sonnet d’Arvers

My Secret

My soul its secret has, my life too has its mystery,
A love eternal in a moment’s space conceived ;
Hopeless the evil is, I have not told its history,
And she who was the cause nor knew it nor believed.

Alas ! I shall have passed close by her unperceived,
Forever at her side, and yet forever lonely,
I shall unto the end have made life’s journey, only
Daring to ask for naught, and having naught received.

For her, though God has made her gentle and endearing ;
She will go on her way distraught and without hearing
These murmurings of love that round her steps ascend,
Piously faithful still unto her austere duty,

Will say, when she shall read these lines full of her beauty,
«  Who can this woman be ? » and will not comprehend.

—————————————————————————————————————————

incise 1855

————————————————————————————————————-

– J. Bécherand Petit cours de Littérature … » Le sonnet  qui, selon Boileau, lorsqu’il est sans défaut, vaut seul un long poême, se compose de quatorze vers qui se divisent en deux, quatrains et tercets. Les quatrains doivent être sur les deux mêmes rimes, masculine et féminine, placées d’abord dans l’un et dans l’autre, au gré du poète, mais rangées ensuite de la même manière dans le premier et dans le deuxième.  »

———————————————————————————————————————

incise 1850

——————————————————————————————————————————————

E.M.P. Laas d’Agen Dictionnaire portatif … – le sonnet se compose rigoureusement de deux strophes de quatre, et de deux strophes de trois vers ; le tout en rimes croisées, la première féminine. Du reste, le poète peut choisir la mesure qui lui convient, pourvu qu’il la conserve jusqu’à la fin.

Le sonnet peut être en vers de douze, de dix, de huit ou de sept syllabes, mais les sujets nobles et sérieux n’admettent que le vers de douze, ou alexandrin.

—————————————————————————————————————————————–

Incise 1845

———————————————————————————————————————

J. Dessiaux dans son Traité complet de versification française, cite le vers fameux de Boileau et le fait suivre d’un sonnet du même, avec ce commentaire:  » le style de ce sonnet est loin d’être sans défaut ‘.

———————————————————————————————————————————————-

Incise 1844

——————————————————————————————————————-

– Wilhem Tenint – Prosodie de l’école moderne; précédé d’une  lettre de l’auteur à Victor Hugo.

« Tout sujet ne comporte pas de longs développements. Il en est qui, au contraire, sont restreints par leur nature, et ne demandent qu’un petit nombre de vers. A ces sujets là le sonnet – sorte de petit tableau au cadre rétréci, – convient parfaitement. Une poésie en deux ou trois stances semble quelque chose d’inachevé, d’ébauché; le poète s’est arrêté tout à coup; mais ne serait-ce pas que l’inspiration lui a manqué et que le souffle lui a fait défaut? Avec le sonnet, un doute pareil ne peut pas exister. La pensée, formulée en vers, se trouve arrêtée dans un rythme précis, qui a sa fin voulue, et qu’on ne peut dépasser.

Le sonnet est donc souvent destiné à contenir une pensée, pensée profonde ou gracieuse, qui se prépare dans les deux premiers quatrains, soit à l’aide d’une exposition où l’action prend quelque part, soit à l’aide d’une métaphore, et qui se révèle dans le tercet final.

Quant à la forme, … quatre rimes masculines et quatre féminines pareilles, croisées entre elles et divisées en deux quatrains. La disposition de ces rimes est d’ailleurs laissée à la fantaisie du versificateur; seulement, il ne peut les faire suivre deux par deux. (Tenint donne alors un exemple de quatrain plat, interdit, puis un alterné, autorisé). Après les deux quatrains, viennent deux tercets composés, le premier de deux rimes et d’une rime isolée; le second de deux autres rimes et d’un vers rimant avec la rime isolée. Mais le dernier vers du deuxième quatrain, s’il est masculin, veut que le premier vers du tercet suivant soit féminin, et vice versa.

L’école moderne a remis le sonnet en vigueur. Quelques poètes ont publié même des volumes entiers de sonnets; ce qui est pousser beaucoup trop loin le culte de ce rythme charmant. Nous avons lu ainsi des poèmes entiers en sonnets, ce qui ressemble à un tableau d’histoire qu’on ferait en vingt ou trente médailles.

——————————————————————————————————————–

Incise 1843

————————————————————————————————————–

– Léon Guérin Beautés de la poésie française, ou Leçons et modèles de littérature en vers, extraits d’auteurs modernes, … précédés d’un traité de versification…

« Parmi les arrangements de la Stance, il en est un qui, pour la forme, sinon pour la pensée, produit le sonnet; petit poème de quatorze vers, qui, dans sa perfection, en vaut seul un long, dit Boileau. Le sonnet avait été longtemps chose négligée, oubliée en France; mais les poëtes contemporains l’ont assez remis en honneur, pour que nous en posions ici les règles. Il se compose donc de quatorze vers, toujours de même longueur. Ces quatorze vers doivent être partagés en deux quatrains et un sixain. Les deux quatrains doivent avoir les rimes masculines et féminines semblables, et on entremêle ces rimes de la même manière dans l’un que dans l’autre. Le sixain annonce par deux rimes semblables, et il a, après les trois vers, un repos qui le coupe en deux parties qu’on appelle tercets, ou stances de trois vers. Il faut éviter, autant que possible, que le mariage des rimes, dans les quatre derniers du sixain, soit le même que dans les quatrains. Le sonnet est un poème trop court pour qu’il ne soit pas disgracieux à l’oreille d’y retrouver plusieurs fois le même mot de quelque sonorité. Mais la pensée et le trait final font surtout le mérite du sonnet ».

——————————————————————————————————————

Incise 1842 (2)

————————————————————————————————————

Une douzaine d’années après Sainte-Beuve, le sonnet semble promis à un nouveau grand avenir. Louis Reybaud fait dire à Jerome Paturot, le personnage principal de son roman:  » Pendant six mois je n’ai guère vécu que de sonnets; au déjeuner un sonnet, au dîner deux sonnets, sans compter les rondeaux; toujours des sonnets, partout des sonnets »

———————————————————————————————————————————–

incise 1842

Lefèvre-Deumier joint au deuxième volume de ses ‘oeuvres’ une fort intéressante discussion sur le sonnet, un Mémoire à consulter: pour ou contre le sonnet.Lettre à M. Emile Deschamps)

– Au 16ème siècle on le cultiva beaucoup sans s’occuper de le définir; plus tard, quand on cessa de le cultiver, ce fut à qui s’empresserait d’en discuter les règles.
A propos des recommandations de Boileau, il écrit:  » J’avoue que j’ai beau lire ces hémistiches dans tous les sens, je ne peux pas me résoudre à les trouver admirables. J’ai entendu louer à outrance le vers ‘la rime avec deux sons frappât huit fois l’oreille’. Au premier coup d’oeil, il a l’air d’être le meilleur: en y regardant bien, c’est le moins bon. « avec deux sons » semblerait signifier qu’il faut qu’il y ait deux syllabes à la rime: ce n’en est pas plus mal, mais ce n’est pas cela qu’entend l’auteur. Remarquons aussi que la rime ne se compose pas d’un mot: elle est de sa nature bicéphale. Il en résulte que, si elle frappe huit fois l’oreille sur deux sons, il y aura seize vers dans les deux quatrains, ce qui serait, de la part d’Apollon, un tour de Jarnac à désespérer, non seulement les Français, mais tous les rimeurs du monde.  »
 » Le sonnet est une petite pièce de poésie de quatorze vers, divisés en deux quatrains sur deux rimes, plus deux tercets, dont les rimes s’entrecroisent suivant le caprice de l’auteur. Si ma définition n’est pas très élégante, elle a du moins l’avantage d’être brève.  »
 » Je me suis laissé assurer que, dans l’origine, le sonnet se composait de trois quatrains et d’un distique. Je ne m’y oppose pas; mais je ne connais d’exemple qu’en anglais. On prétend qu’il y en a plusieurs de cette espèce dans le recueil de Drummond de Hawthornden, et beaucoup de gens soutiennent que ce ne sont pas des sonnets.  »
 » Tout le monde peut, en grignotant dans les bouquins, émietter de l’érudition. J’aime mieux faire des conjectures que des recherches: c’est moins facile, mais cela va plus vite.  »
 » Le sonnet compte quatorze vers et chacun d’eux n’est peut-être qu’une note de la gamme, frappée à la basse et à l’octave … » (En dépit de sa remarque péjorative sur l’érudition, Deumier, qui vient d’en faire subrepticement étalage (qui à l’époque, en France, a lu Drummond de Hawthornden?) s’est peut-être inspiré là de la volumineuse anthologie de l’anglais Cappel Lofft (1813) qui développe assez longuement dans son essai préliminaire, une telle comparaison musicale).
 » Le nombre 7 étant esssentiellement mystique, le double ne peut manquer de l’être davantage. On ne comptait autrefois que sept planètes, qui correspondaient aux sept principaux organes du corps humain, et il ne serait pas impossible que le sonnet fût d’abord un thème astrologique, une sorte d’horoscope poétique, rappelant, par sa forme et son harmonie, la course mélodieuse des astres, qui avaient la réputation de diriger nos destinées.  »
« Boileau assure aussi qu’on n’y doit pas répéter deux fois le même mot.
«  » Le sonnet est un alexandrin de quatorze pieds, dont les syllabes sont les vers.  » (On découvre en lui un ‘plagiaire par anticipation de Jean Queval, l’oulipien inventeur de l’ALVA (Alexandrin de Longueur Variable)
Vous n’enfermerez certes pas, dans deux quatrains munis de deux tercets, le système entier de l’univers. Mais vous n’aurez pas une vue sur l’univers, que vous ne puissiez réduire aux bornes du sonnet.
Lisez quelques épigrammes de suite: leurs moments, leurs soubresauts vous fatiguent. L’esprit se lasse, à bondir avec elles de finesse en finesse. Le sonnet au contraire est comme un coursier qui va l’amble, et vous emporte en vous berçant; comme un hamac, qui vous balance: comme un bateau, qui vous entraine. Il ne vous endort pas: il vous fait rêver. Je suis trop impartial, pour ne pas avouer qu’il vous fait quelquefois rêver, jusqu’au sommeil inclusivement.
Quelque beau qu’il puisse être, il est difficile d’avaler d’un trait un volume entier de sonnets. Chaque sonnet est en lui-même un tout, un petit poème complet, qui marche invariablement du même pas.
Je vous envoie, pour expiation, le plus beau choix de sonnets qui existent. De deux ou trois milliers et plus, que j’ai eu la conscience de lire pour me faire une opinion, j’en extrais cent cinquante environ (de 50 auteurs) qui sont bien la plus belle apologie qu’on puisse faire de cette espèce de poésie.
Les sonnets sont des reliquaires qui chantent. Quand on en lit quelques uns à la campagne, on éprouve la même émotion qu’en écoutant bourdonner, dans le lointain, la cloche de vêpre ou du salut. C’est peut-être de cette impression que vient le nom de sonnet. Ce poëme est comme une cloche qui tinte la pensée, qui sonne l’angélus en mémoire de nos pères.  »

Dans sa médiocre étude sur le sonnet chez Baudelaire, mr Robb cherche à écarter le témoignage de cet auteur qui a le malheur d’infirmer son hypothèse chérie (Baudelaire inventeur du ‘sonnet libertin’) sous le prétexte que ses poèmes ne sont pas bons!!!

Incise 1839

[…]Au moyen âge les Milanais étaient braves comme les Français de la Révolution et méritèrent de voir leur ville entièrement rasée par les empereurs d’Allemagne. Depuis qu’ils étaient devenus de fidèles sujets, leur grande affaire était d’imprimer des sonnets sur de petits mouchoirs de taffetas rose quand arrivait le mariage d’une jeune fille appartenant à quelque famille noble ou riche.

Stendhal (La Chartreuse de Parme, page 1)

incise 1838

——————————————————————————————————————–

Jean-Baptiste Fellens Manuel poétique et littéraire – Au dix-septième siècle, on attachait un grand prix à un bon sonnet, et l’on regardait ce petit poème comme fort difficile. (il cite Boileau)… Aujourd’hui, nos poètes en composent rarement, et, quoiqu’en dise le régent du Parnasse, un ‘sonnet sans défaut’ serait un chef d’œuvre de peu de mérite.

——————————————————————————————————————–