Archives de catégorie : Longueur du sonnet

Italie! Italie! Ah! quel destin perfide — 1821 (4)

Madame de Staël Oeuvres (tome XVII)

Traduction du sonnet de Filicaia sur l’Italie

Italie! Italie! Ah! quel destin perfide
Te donna la beauté, source de tes malheurs?
Ton sein est déchiré par le fer homicide,
Tu portes sur ton front l’empreinte des douleurs.
Ah! que n’es-tu moins belle, ou que n’es-tu plus forte?
Inspire plus de crainte, ou donne moins d’amour.
De l’étranger jaloux la perfide cohorte
N’a feint de t’adorer que pour t’oter le jour.
Quoi! verras-tu toujours descendre des montagnes
Ces troupeaux de Gaulois, ces soldats effrénés,
Qui, du Tibre, du Pô, dans nos tristes campagnes,
Boivent l’onde sanglante, et les flots enchaînés?
Verra-t-on tes enfans, ceints d’armes étrangères,
Des autres nations seconder les fureurs;
Et ne marchant jamais sous leurs propres bannières,
Combattre pour servir, ou vaincus, ou vainqueurs?

ababcdcdefefghgh – sns – 16v – tr

Quand Jésus expiroit, à ses plaintes funèbres, — 1821 (3)

Madame de Staël Oeuvres (tome XVII)

Traduction du sonnet de Minzoni sur la mort de Jésus Christ

Quand Jésus expiroit, à ses plaintes funèbres,
Le tombeau s’entr’ouvrit, le mont fut ébranlé.
Un vieux mort l’entendit dans le sein des ténèbres;
Son antique repos tout à coup fut troublé.
C’était Adam. Alors, soulevant sa paupière,
Il tourne lentement son oeil plein de terreur,
Et demande quel est, sur la croix meurtrière,
Cet objet tout sanglant, vaincu par la douleur.
L’infortuné le sut, et son pâle visage,
Ses longs cheveux blanchis et son front sillonné
De sa main repentante éprouvèrent l’outrage.
En pleurant il reporte un regard consterné
Vers sa triste compagne, et sa voix lamentable
Que l’abîme, en grondant, répète au loin encor,
Fit entendre ces mots: Malheureuse coupable,
Ah! pour toi j’ai livré mon Seigneur à la mort.

ababcdcdefefghgh – sns – 16v – tr

Quelle est la région du ciel où la nature — 1819 (6)

Pierre Chas Pétrarque, suivi de Poésies diverses

Traduction libre du sonnet de Pétrarque, ‘in qual parte del ciel..’

Quelle est la région du ciel où la nature
A vu le type humain de l’aimable figure
Dont l’ensemble, ici-bas, est la preuve, à nos yeux,
De tout ce qu’elle peut, dans le séjour des cieux?
Quelle Déesse, errant dans la forêt lointaine,
Ou quelle Nymphe, assise au bord d’une fontaine,
Comme Laure, avec grâce, aux zéphirs amoureux,
Sut jamais déployer l’or pur de ses cheveux?
Voit-on tant de vertus ensemble dans une âme?
Et cependant je meurs, victime de ma flamme.
Il se figure en vain la divine beauté
Celui qui, de l’objet dont je suis enchanté,
Ignorant les attraits, n’a jamais su surprendre
De ses yeux enivrants le mouvement si tendre.
Il ignore comment l’amour blesse et guérit,
Celui qui ne sait pas comment Laure sourit,
Celui qui ne sait pas apprécier encore
La douceur des soupirs et du parler de Laure.

aabbccddeeffgghhii – sns – 18v – rvf

Pierre Chas se satisfait de 18 alexandrins plats pour rendre le n° clix de Pétrarque ( » In qual parte del ciel, in quale ydea »).

Siddons! dont la magie et m’éclaire et m’étonne — 1808 (3)

Stanislas de Boufflers Recueil de Poésies, extraits des ouvrages d’Hélène-Maria Williams, ….

Sonnet à Madame Siddons

Siddons! dont la magie et m’éclaire et m’étonne
Par des plaisirs si purs et si délicieux,
En ouvrant à ton gré les enfers ou les cieux,
Souffre que sur ton front je pose une couronne,
Pour prix de tant de pleurs que te doivent mes yeux.

Mais c’est trop entreprendre, et ma Muse balance;
Elle voudrait te peindre en ta vive action,
Et répéter l’accent de chaque passion,
Et dire ce que dit ton éloquent silence,

Soit que l’ambition change en acier ton coeur,
Soit qu’à ton aspect sombre on frémisse, et qu’on n’ose
De tes yeux égarés soutenir la fureur;

D’un amour inquiet soit que plaidant la cause,
Ta voix de l’ame même emprunte la douceur ….
Oh non! pour peindre un astre il n’est point de couleur.

abbab a’b’b’a’ – T19 – disp: 5+4+3+3 – 15v

Ainsi donc ta valeur te fait monter au trône! — 1805 (1)

Michel de Cubières (jeune) Traduction d’un sonnet de Luigi Tardi

Imitation

Ainsi donc tavaleur te fait monter au trône!
Ainsi NAPOLEON que le peuple couronne,
Ne doit qu’à ses talens son Empire nouveau:
Il est de son pays le guide et le flambeau,
Il s’est créé lui-même: ô prodige héroïque!
L’histoire, dont la tâche est d’être véridique,
Aux travaux de César préfère ses travaux;
Pour lui la poésie apprête ses pinceaux;
Et déjà l’Italie, en grands hommes féconde,
Aime à le regarder comme un maître du monde.

Reçois le diadême, et que l’esprit divin
T’inspire ô mon héros! L’amour du genre-humain.
De ton couronnement les pompes magnifiques
Te mettent sur la terre au-dessus d’un mortel;
Mais souviens-toi toujours, du haut de ton autel,
Que les Rois les plus grands sont les Rois pacifiques.

aabbccddee – T15 – disp: 10+6 – 16v – tr

Michel de Cubières récidive (cf 1801.1), avec cette Traduction d’un sonnet de Luigi Tardi – Alla sacra Maestà di Napoleone – « Figlio di tuo sapere, della Vittoria / diletto …. » . Il ne respecte toujours pas la forme de son modèle, mais fait un effort pour échapper à la platitude (dans la disposition des rimes, uniquement) avec un dernier quatrain à rimes embrassées (deed). Le placement des vers dans la page (dizain plus sixain, tous deux alignés) est anomal.

Une épigramme-charade  de Rivarol « Avant qu’à mon dernier mon tout se laisse choir / Ses vers à mon premier serviront de mouchoir »
Oeuvre poétique: Les hochets de ma jeunesse
Pendant la Révolution, il composa 36 hymnes civiques sur les 36 décadis de l’année, et un poème sur le calendrier républicain
Son frère aîné, le marquis de Cubières a écrit L’Histoire des coquillages de mer et de leur amours

Sur le bord d’un ruisseau, près d’une rivière, — 1804 (3)

Olivier Ferrand Le triomphe de la Vertu ou l’Innocence opprimée ..29 Floréal an 12

Sonnet en l’honneur du Premier-Consul, sur son avénement au trône de l’Empire Français

Sur le bord d’un ruisseau, près d’une rivière,
Assis le long de l’eau, et faisant ma prière,
Remarquant dans les airs tous les astres du temps
Qui promettent un jour de grands événements ;
Très-souvent dans la nuit, en prenant mon repos,
Apollon me réveille, les yeux à demi-clos,
Favori du Parnasse, quand tu peux travailler,
Il n’est pas encore temps, mon fils, de sommeiller.
Quelquefois le sommeil vient fermer ma paupière,
Quand le soleil des loups* me prête sa lumière,
Si le Premier-Consul ne fût venu soudain,
Nous étions à la veille de mourir de faim ;
Il étoit temps, grand Dieu !, qu’un ange consolateur
Nous l’envoya en France, pour être notre Empereur ;
Il a toujours cherché à nous donner la paix,
En répandant sur nous ces dons et ces bienfaits.

*la lune (Note de l’auteur)

16 vers plats. Les règles du vers alexandrin échappent à ce flagorneur.