Archives de catégorie : 5s

Vers de 5 syllabes

Pourquoi t’aimerais-je — 1945 (7)

Paul Valéry Corona & Coronilla (Ed. De Fallois, 2008)
Sonnets à Jean Voilier

Chanson trop vive

Pourquoi t’aimerais-je
Si tu n’étais celle
Avec qui s’abrège
L’heure universelle ?

Etrange manège !
Tout l’amour ruisselle,
Pris au tendre piège
Qui nous ensorcelle…

O le bel éclair
Entre chair et chair
Qu’échangent les cœurs !

Et quels vrais trésors
D’extrêmes liqueurs
Confondent les corps ! …

Q8  T14  5s  qu.fem-t.masc

Ni vu ni connu — 1922 (2)

Paul ValéryCharmes

Le sylphe

Ni vu ni connu
Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu!

Ni vu ni connu
Hasard ou génie?
A peine venu
La tâche est finie!

Ni lu ni compris?
Aux meilleurs esprits
Que d’erreurs promises!

Ni vu ni connu
Le temps d’un sein nu
Entre deux chemises!

Q47 – T15 – y=x : e=a – 5s – le vers 1 est repris deux fois

L’Iambe estropié, — 1867 (1)

J.F. CostaLa Harpe éolienne

L’Iambe

L’Iambe estropié,
Cherchant un dactyle,
Rencontre Batylle,
Qui le met sur pié.

Alors, pour marcher,
Il bat la mesure;
Mais une césure
Le fait trébucher.

Il faut un spondée;
Il faut une idée,
Pour plus de soutien;

Cherche dans la nue,
Iambe, et continue
Ton métier de chien.

Q63 – T15 – 5s

de la préface: « A quoi rime, par le temps qui court, un recueil de sonnets? C’est ce que vont se dire les rares curieux qui jetteront un regard, en passant, sur la couverture de ce livre. Je trouve qu’ils auront parfaitement raison, et que notre époque a autre chose à faire que de s’occuper de ces vétilles. Elle a …. elle a …. je ne dirai pas ce qu’elle a.

Je confesse donc humblement ma faute; et les confessions publiques étant les plus méritoires, ces quelques lignes ont uniquement pour but de demander pardon pour les pages qui vont suivre. On me fera observer qu’il était plus simple de supprimer les pages; cela est encore vrai; mais, comme on n’est pas forcé de les lire, la chose revient absolument au même.

J’offre ici moins, à la vérité, un recueil de sonnets qu’une poignée de rêves. Je les donne dans l’état où ils sont venus et avec la forme qu’ils ont voulu revêtir. Il est possible, du reste, que ce soient des sonnets; ce dont je conviens, c’est que quelques uns en remplissent les conditions rythmiques. «