En mil neuf cent, par là, un grand-duc de Russie — 1980 (4)

Alain Bosquet Sonnets pour une fin de siècle

Portrait d’un jeune aristocrate

En mil neuf cent, par là, un grand-duc de Russie
venait dans cet hôtel pour aérer son âme,
pleine d’ennui, de force et de fracas. Sa veuve
est enterrée sous le velours d’un sycomore.

Son petit-fils procure – il suffit d’un pourboire –
aux vieux Américains des Anglaises très plates
ou des Suissesses bien en chair. Serguéï, Ivan,
Micha: il a tant de prénoms que l’uniforme

de l’Impérial Palace est son unique orgueil.
Son cher ami, le moniteur, Paul, Jean ou Jules –
car c’est selon – apprend aux dames fortunées

la nage sur le dos, mais leur préfère au lit
quelque boniche. Hélas! la lune est démocrate,
et l’azur se commet avec n’importe qui.

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