Archives de catégorie : Reprise de rimes

Des vers des quatrains sont reprise dans les tercets

C’est fin de bal:  » Vois-tu que brille — 1892 (7)

Edouard Dubus Quand les violons sont partis

Violons
Pour Georges Darien

C’est fin de bal:  » Vois-tu que brille
Dans leurs yeux fous même chanson?
Ecoute rire à l’unisson
Les deux violons du quadrille.

Ce n’est pas le rire qui brille
Dans les yeux après la chanson,
Vont-ils pleurer à l’unisson?
Les deux violons du quadrille.

Mais vient le temps où la chanson
Que l’on rêvait à l’unisson,
Comme autrefois dans les yeux brille.

Pauvre chanson ! Pauvre chanson !
Ils riront seuls à l’unisson
Les deux violons du quadrille.

Q15 – T6 – octo  – y=x (c=b, d=a) – Sonnet sur deux rimes avec vers-refrain: 4,8, 14

Ah ! Nada ! Nadada ! — 1887 (11)

? Jeune Belgique

11
Nihilisme trismégiste

Ah ! Nada ! Nadada !
Petit cheval de bois !
La canne à Canada !
Oh ! plusieurs à la fois !

Voilà : Goya gronda
Nada, quand Quincampoix,
Camarda, canarda
Soulary sous la croix.

Du carrefour. L’ara
Qu’aura Lara leurra
Laura, qu’amarrera,

Flotte ! l’honorera
Ses père et mère. Hara
Kiri, Caro, Cora.

Q8 – T1 –  y=x  6s  quasiment monorime – attribué à Max Waller par Jean de Palacio dans le Silence du texte poétique de la Décadence (2003)

Lecteur, les vers de ce recueil — 1880 (24)

Tristan Gratien in La nouvelle lune

« Notre ami n’ayant pas le courage de commencer son volume, en a d’abord écrit l’épilogue »

Sonnet-épilogue

Lecteur, les vers de ce recueil
On un parfum de pourriture,
De réalisme et de cercueil,
En un mot, sont d’après nature.

Rarement j’ai franchi le seuil
De la Morgue, où le ciel figure,
Et mes vers en portent le deuil,
Lugubrement, je te le jure.

Tu peux les voir d’un mauvais œil
Ou leur faire un charmant cercueil,
Ami lecteur, je n’en ai cure !

S’ils froissent un peu ton orgueil,
Cher mortel, fais-en un linceul
Pour ta noble et superbe ordure.

Q8  T6  octo  y=x (c=a & d=b)

Sonnet, c’est un sonnet pour Roma Ratazzi. — 1875 (8)

Arsène Houssaye in L’Artiste


Sonnet à rimes redoublées crayonnés à la table à la fête de Roma Ratazzi

Sonnet, c’est un sonnet pour Roma Ratazzi.
Je vais le lui rimer en toute courtoisie.
Comment n’aurais-je pas des fleurs de poésie
A jeter à ses pieds comme on jette un lazzi ?

Mon Pégase est rétif, mais je l’ai ressaisi
Et j’y monte gaiement avec ma fantaisie.
Le coup de l’étrier, est-ce du Malvoisie,
Du Mumm, du Roederer, du Cliquot, du Bouzy ?

Quelle mère pourrait la voir sans jalousie
Cette enfant adorable entre toutes choisie ?
Buvons à sa santé, jusqu’au revenez-y.

Si pour chanter l’enfant ma muse s’extasie,
La mère a son mérite, on peut sans hérésie,
Dire qu’elle a bien fait sa Roma Ratazzi.

Q15  T6  y=x (c=b & d=a) (b=a*: zi/zie)

Un boudoir en désordre : effet de l’art. Hercule — 1874 (24)

Emile Dodillon Les écolières

Oraison funèbre
Madame se meurt ! Madame est morte !

Un boudoir en désordre : effet de l’art. Hercule
Aux pieds d’Omphale est peint sur le tapis ouaté.
Sur les meubles en bois de rose agrémenté,
Tous ces riens rococo d’un charmant ridicule.

Ces parfums de pays où bout la canicule
Changent en un creuset d’où sourd la volupté
Tous les trous de la peau. Le rideau velouté
Fait des plus francs soleils un adroit crépuscule.

Camélia se meurt. Et sa mère calcule
L’argent qu’elle fera de l’autel tant vanté :
Ce lit bas, sous l’alcôve, autour duquel, tenté
De s’y pamer encore, un jeune homme circule.

Il pleure, et sur le front de la chère beauté
Que le froid décolore, il essaye, irrité,
De rafraîchir un peu son front que l’amour brûle.

Pauvre enfant ! il avait pour elle tout quitté,
Et voilà qu’il lui faut, remis en liberté,
Etre autre chose, hélas !, qu’un roquet sans scrupule.

3Q abba  – T6  – y=x:c=b & d=a

4 exemples de sonnets à 3 quatrains en ‘abba’, 1 de quatre quatrains, tous sur deux rimes

Dors: ce lit est le tien … Tu n’iras plus au nôtre. — 1873 (31)

Tristan Corbière Les Amours jaunes

Sonnet posthume

Dors: ce lit est le tien … Tu n’iras plus au nôtre.
– Qui dort dîne. – À tes dents viendra tout seul le foin.
Dors: on t’aimera bien –  L’aimé c’est toujours l’
Autre….
Rêve: La plus aimée est toujours la plus loin…


Dors: on t’appellera beau décrocheur d’étoiles!
Chevaucheur de rayons! … quand il fera bien noir;
Et l’ange du plafond, maigre araignée, au soir,
– Espoir – sur ton front vide ira filer ses toiles.


Museleur de voilette! un baiser sous le voile
T’attend … on ne sait où: ferme les yeux pour voir.
Ris: les premiers honneurs t’attendent sous le poële.


On cassera ton nez d’un bon coup d’encensoir,
Doux fumet! … pour la trogne en fleur, pleine de moelle
D’un sacristain très-bien, avec son éteignoir.

Q60 – T20 – y =x (d=b)

J’ai fait des vers en ail, on m’en demande en oc, — 1873 (4)

Ulysse Landeau Sonnets et Sornettes

La Tâche

J’ai fait des vers en ail, on m’en demande en oc,
Ma foi cette idée est on ne peut plus baroque.
A ma porte l’on croît qu’il suffit d’un toc-toc,
Que je fais un sonnet comme un oeuf à la coque.

Il faut vraiment avoir le coeur dur comme un roc,
Un esprit malveillant, et battre la breloque,
Pour choisir cette rime, et lui-même Saint Roch,
Pour éviter la tache, eût donné sa défroque.

A rimailler ainsi mon esprit tombe en loque,
Vous me regardez? Or un regard m’interloque;
Aussi c’est entendu, je vous refuse en bloc.

Attendez cependant et, bien que par raccroc,
Vous êtes obéi. Je souffle comme un phoque,
Mais je tiens mon sonnet. Ouf! qu’on me serve un bock.

Q8 – T10 – y=x (c=b & d=a) – Rimes: oc/oque (b=a*). s’inscrit dans une tradition venue des Rhétoriqueurs (parfois on va jusqu’à ‘ic, ‘ec’, ‘uc …).

Madame, l’autre soir, j’ai pris votre éventail. — 1873 (3)

Ulysse LandeauSonnets et Sornettes

L’éventail

Madame, l’autre soir, j’ai pris votre éventail.
J’eusse aimé mieux sans doute enlacer votre taille
J’aurais scandalisé des jaloux le bétail,
A tous il m’eut fallu livrer alors bataille.

Du reste, dans mes mains, moi qui suis sans sérail
Que fait un éventail? Il fait que l’on me raille.
Il est fait pour voiler vos lèvres de corail
Et de vos yeux brillants la fulgurante entaille.

Enfin, je vous dirai qu’étant l’épouvantail
Des maris, et de peur qu’en pièces l’on me taille,
Je viens réintégrer votre objet au bercail.

Aussi vous me jurez que de votre éventail
Vous viendrez m’éventer, sans pour cela qu’il faille
Contractuellement, lire et signer un bail.

Q8 – T17- y=x (c=a & d=b – Rimes: ail/aille (b=a*))