Archives de catégorie : T14 – ccd ede

Quando en vesper blanc s’extourbit lougarou — 1986 (4)

René BellettoLoin de Lyon – XLVII sonnets –


XLVII

Quando en vesper blanc s’extourbit lougarou
Et dravant tout sbubu in vivo castrati
Barjaque parlamor nonobstant qui est qui
Anscrut les stachichi au su des roudoudous,

Quando maliss (tendo limass) il vi dermou
S’éruminentérut au verso des étri
Au persu des foutrons sevré de mal en pis
Et ris noir aïe jailli tout prurit et rectou,

Alor alor, pastan hors les basoubasax
(Mais par un trou carré esquintant tous les axes),
Rinlaidron touboubou kif kif kes amours fussent

Dénérénélés déjà éternels par l’art
Sans loup, effaçons ma chérie hors papyrus
De lapins et moutons à jamais le départ

Q15 – T14 – banv

La solitude me dévore — 1986 (3)

René BellettoLoin de Lyon – XLVII sonnets –

XXVI

La solitude me dévore
Encore une saison passée
Chaque matin l’aube s’endort
Mon âme s’est abandonnée

Je ne saurai pas qui je suis
Etranger à mon territoire
Avec mes larmes s’est tarie
La belle image du miroir

En moi se noue comme un secret
Le destin dont je parlerais
Soucis douleurs et mauvais rêves

Sont les maisons de mon voyage
Et toujours commence et s’achève
Le cours ennuyeux de mon âge

Q59 – T14 – octo

Un brave homme de bègue, assez cu-cultivé, — 1984 (2)

Boris Vian Cent sonnets


Simple histoire de bègue

Un brave homme de bègue, assez cu-cultivé,
Vivait de son ja-jardinet plein de fleurettes,
Plein de ca-calme et de repos, de violettes
Et de pi-pissenlits. Rien ne fut arrivé

S’il n’eût été go-goberger au pied levé
Sa cousine Julie, fille fort coqué-quette,
L’emmené-ner aux champs, pour faire la dînette,
Sur son baudet qui ruait sur les pa-pavés.

Mais dans les roseau-seaux, Pan vint se promener.
En le voyant-y-ant, l’âne brait. Etonné:
– Pan-Pan! fait notre bègue et le dieu tombe mort.

Le pauvre devint fou. Fou plus que lui n’y a.
Tous les matins dans sa cami-misole il sort,
Donner un biberon à ses bé-bégonias …

Q15 – T14 – Ces sonnets ont été composés vers 1944. On admirera la manière dont l’hendécasyllabe devint alexandrin

Voilà cent ans, cher Soulary, tu croyais juste — 1984 (1)

Boris Vian Cent sonnets

Ma Muse

Voilà cent ans, cher Soulary, tu croyais juste
De ceindre de maint busc le corps souple et charmant
De ta Muse, et contraire à l’ordinaire amant
Voulais pour ta maîtresse un appareil vétuste.

Si la femme féconde à la grâce robuste
Vit souvent de sa chair le mol affaissement
Si la distension de tous ses ligaments
Fit pendre son nombril et s’écrouler son buste,

Ce siècle est révolu. L’oisiveté cruelle
N’entraîne plus la mort de la beauté des belles
Nos jours ont retrouvé le secret du printemps.

Notre Egérie pratique aussi la gymnastique
Et le massage sait lui rendre en peu de temps
Son ventre plat, sa ligne et ses seins élastiques.

Q15 – T14 -banv

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! – — 1982 (1)

Luc EstangCorps à coeur

Blason, VIII

Je crois être le seul – ne me détrompe pas! –
à connaître de toi cette plage érogène
douce à l’égal du plus soyeux de tes appas
où l’enfance blottit sa tendresse et ses peines

où les amants fougueux suspendent leurs ébats:
sous ma lèvre au repos je sens battre ta veine
tiède et je m’alanguis comme un poisson béat
sur le sable à fleur d’eau, poche à laitance pleine.

Que je t’aime d’aimer les baisers dans le cou!
C’est là que j’ai, faux innocent, élu le goût
de femme dont ta chair m’offre la quintessence.

Sur le seuil du château dont me manquaient les clés
Je me suis découvert une étrange puissance
qui eût fait bander l’arc surhumain d’Héraclès.

Q8 – T14 –

Leur onyx? — 1973 (8)

OulipoLa Littérature potentielle

Raymond Queneau

8
La redondance chez Phane Armé

4
Leur onyx?
lampadophore!
Le Phénix?
amphore!

Nul ptyx
sonore
au Styx
s’honore.

Un or,
décor
contre une nixe,

Encor
se fixe:
septuor!

Q8 – T14 – m.irr – vers très courts – obtenu par ‘réduction aux sections rimantes’ à partir d’un sonnet de Mallarmé

Eve de l’été belle et les Greques en mer — 1972 (1)

Adolphe Haberer in Georges PerecLes revenentes

Eve de l’été belle et les Greques en mer
Que cherché-je en ces nefs et qu’égrénent mes rêves
Hélène qe je révère en l’ébène pervers
Est le léthé qe j’erre de femme en sèche grève

Vers qelle trève versé-je sèves en terre
Qe d’eternelles pentes épellent en lèvre lentes
Trente femmes blessèrent le blé de Déméter
Et le blé que je sème dressé levé me tente

Le pré bée vert de celle (et le dé est jeté)
Qe pressent sept épées emmêlées de l’été
Q’Eve lésée en l’Eden qe le gel défend

Ne s’éveye d’emblée et me rejette rèche
Vermeye c’est le ventre vers leqel je tends
Qe se fêle l’été en ce rêve revèche.

Q59 – T14 – Monovocalique en ‘e’.

Vos corps poltrons d’homos ronchons — 1970 (4)

Adolphe Haberer a e i / y o u (ed.1993, chez l’auteur)

O

Vos corps poltrons d’homos ronchons
Photos pornos d’ostrogoths mols,
Prolos pops, gros provos cochons,
Gotons, cocos, mormons, mongols,

Honorons donc vos dons d’Oxford,
Fox-trot, loto, bocks, grogs, porto.
Mon Lord, nos crocs sont forts, on mord
Vos hot-dogs con oloroso.

Long corso? Cosmos fol? Zoo toc?
(Porcs, crocos, condors, dodos coqs-
troncs, kohol corrompt vos bords blonds)

Trop tôt sont morts Cronos, Job, Thor –
Mots, noms d’os, profond port oblong –
Oh! hors d’Oxford dort logos d’or.

Q59 – T14 – d=a ? – octo  – monovocalisme

C’est donc au tout-profond que (points de suspension) — 1969 (8)

Thiéri Foulc Vingt écrits

L’écrit vain

C’est donc au tout-profond que (points de suspension)
Il y a (point, point,point) peut-être quelques chose,
Mais je ne sais (point, point, ouvrez la parenthèse)
(Ou bien(deux points) : ne veux ? (point d’interrogation)

Ou extirper crûment l’a(vraie)bomination,
Faire gicler le sang dans le cœur de ma rose,
Dire (point, point, pâté, tache) ce que nul n’ose,
Caillou au fond de l’âme & de l’élocution.

Ô machine à taper, accents, chiffres & lettres,
Râclage du chariot dans les tringles de l’être,
Encre qui dérubanne un vol de circonflexes,

Pages, lignes lancées (espace,espace, espace)
Retour arrière, x, x, : méditation perplexe :
Papier, tout est papier (point, point, point) quoi qu’on fasse.

Q45  T14

Sur un monceau fuyant s’exerce ma chimère. — 1969 (7)

Joseph Djirian Kaléidoscope

L’écume

Sur un monceau fuyant s’exerce ma chimère.
Calme, calme la mer d’un bleu étourdissant,
Teinté par le soleil ; elle brasse le sang ;
Et mon âme s’émeut d’un parfum d’éphémère.

L’instant ce n’est qu’écume éjectée en dentelles
Qui se répand comme l’heur entravé. L’ardeur
De s’exalter ainsi que ces flots en fureur
Se pourchassant, hélas !, mais sans croiser leur zèle.

Tout bouillonne à souhait dans ce chaos sans bornes.
Ses crêtes se touchant, la frange qui les borne
Tisse le pavillon d’un royaume inconnu

Disputé par les flots. Illusion solitaire
Où baigne ma vigueur, qui teinte à son insu
L’élan fallacieux que la vie exaspère.

Une trouée en l’eau, la colombe s’immole
Quand d’ériger dessus, mon âme se console.

Q63  T14  -ff    16v