Archives de catégorie : Mètre

Ange et beauté, je vais monter ma lyre — 1817 (4)

Jean-J Boutet de Monvel Sonnets

Hommage à la Beauté

Ange et beauté, je vais monter ma lyre
Pour un objet excelsus et touchant;
Mon coeur, ici, s’éloigne du délire;
Mais néanmoins, il aurait du penchant.

Sa taille svelte est toujours fort jolie;
L’oeil suit de près sa démarche et son corps.
Je la voudrais ou Ninon ou Délie;
Mais son gout plaît: elle aime les accords.

Choeur ravissant des filles du Permesse,
Verse en son sein quelque peu d’allégresse;
Unis tes sons à nos soins de ce jour!

O doux transports! les touffes de guirlandes
S’offrent à nous, et nous servent d’offrandes:
Leur odorat couronne notre amour!

Q59 – T15  déca

Quel globe, là-bas, rougeâtre! — 1817 (3)

Jean-J Boutet de Monvel Sonnets

Le lever de la Lune

Quel globe, là-bas, rougeâtre!
Frappante image du feu,
Admirable et céleste âtre,
Tu gis là dans un corps bleu.

Ce corps, immense théâtre
Avec toi remplit un voeu:
L’heureuse nuit t’idolâtre;
On te cherche de tout lieu.

Roulant ainsi dans la sphère,
Bien plus loin que l’atmosphère,
Ton astre à l’oeil s’éclaircit.

O Déesse tant aimable!
Sois tous les jours secourable:
A jamais vive ton rit!

Q8 – T15 – 7s

La richesse dans les maisons, — 1816 (1)

Romain Dupérier de Larsan in Almanach Royal …

Sonnet parodié
Le bon vieux temps dans ma patrie
Revient, grâce à la monarchie

La richesse dans les maisons,
Pas un pauvre errant dans les rues ;
Dans nos palais, plus de prisons,
Boutiques richement pourvues ;

Grande chère en nos garnisons,
Beautés très-décemment vêtues,
Politiques et Francs-maçons,
Exempts d’erreurs et de bévues.

Riches Auteurs, marchands d’esprit,
Ayant paix, honneur et crédit,
Plus d’espion qui ne se signale ;

Fêtes de nuit, plaisir de jour,
Des époux constants en amour,
C’est le train de la Capitale

Q8  T15  octo

L’amour m’enlève au Dieu des Vers; — 1809 (1)

A. Antignac Chansons et poésies diverses

Sonnet en réponse à quelqu’un qui me reprochait ma paresse

L’amour m’enlève au Dieu des Vers;
Mon silence est bien légitime;
Quand la raison est à l’envers,
On ne doit plus chercher la rime.

Pour son honneur et pour le mien,
Ma muse un instant se repose,
Les amateurs n’y perdront rien,
Et j’y gagnerai quelque chose.

Si la gloire a beaucoup de prix,
Je sens qu’un coeur vraiment épris
N’est pas le moins heureux du monde.

Apollon cependant me plaît:
Mais ce Dieu-là, tout blond qu’il est,
Ne vaudra jamais une blonde.

Q59 – T15 – octo

Visite, douce paix ! la vallée épineuse — 1808 (4)

Stanislas de Boufflers Recueil de Poésies, extraits des ouvrages d’Hélène-Maria Williams, ….

Sonnet sur la paix de l’ame

Visite, douce paix ! la vallée épineuse
Que je parcours pensive, en l’arrosant de pleurs,
Loin des sentiers riants où la jeunesse heureuse
D’un pied léger foule des fleurs ;

Ainsi que mon bonheur, que le jour disparaisse,
Que la nuit sur le monde étende un voile noir ;
Le jour, la nuit verront mes pleurs couler sans cesse :
Mais que servent les pleurs au chagrin sans espoir ?

Heureuse paix de l’ame ! en vain je te conjure ;
Quand l’hiver orageux consterne la nature,
On n’obtient pas du ciel de se montrer plus beau :

Ma vie est cet hiver : mais, contre la tempête,
Il est un abri pour ma tête ;
Et cet abri, c’est le tombeau.

Q59 – T15 – 2m:octo: v.4,13,14

(a.ch) L’auteur a en tête, sans doute, les discours en vers à rimes mélées de son temps.