Archives de catégorie : 1-fem

sonnets à première rime féminine (Malherbe)

Une erratique ruine aspire la semence — 1981 (2)

OulipoAtlas de Littérature potentielle

Claude Berge

14=15 – Sonnet loydien
à Raymond Queneau

Une erratique ruine aspire la semence
Lorsque pour nous distraire y plantions nos tréteaux;
La méduse gonflée s’épuise avec conscience
Dans le fond du bourbier où fermentent les mots …

Quand la vierge solaire au goût plein d’arrogance
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau,
L’Amérique du Sud sombre dans la licence
Alors que nous lions de piètres bigorneaux.

Que sa langue câline apporte ici l’émoi
Enfin papille tendre attise l’équivoque
Que mande l’envieux mâle et barbote le phoque!

Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est toi,
Bois et te baffre à Rio ploie ta taille élastique ….
Le nombre de ces vers devient problématique

Une papille tendre attise l’équivoque
Lorsque pour nous distraire y barbote le phoque!
La méduse gonflée s’épuise avec toi.

Dans le fond à Rio ploie ta taille élastique …
Quand la vierge solaire au goût problématique
Extrait le thalamus du vieux Jivaro beau

L’erratique ruine aspire la semence
Alors que nous lions plantions nos tréteaux;
Que sa langue câline apporte conscience

Enfin du bourbier où fermentent les mots …
Que mande l’envieux mâle et plein d’arrogance
Quand tu lis ce sonnet ne crois pas que c’est beau.

Amérique du Sud sombre dans la licence
Bois et te baffre de piètres bigorneaux.
Le nombre de ces vers devient ici l’émoi.

Q8 – T30

Les années se vident mais du côté de la pente — 1978 (4)

? Inimaginaire IV

Les années se vident mais du côté de la pente
revenir en regardant pas besoin que chaque
mocassin épuise l’empreinte dès que chaque
feuille se vide du côté de la pente

et des années sans matière à toute la pente
les escargots et les nourrices plus que chaque
vieillard n’en retourne sous la feuille si chaque
année se vide cesse quelque part la pente

où venir sans regarder? le bol? il s’y cache
ou verse fourmis sous la stère de ses portes
le soleil les années se vident il n’écoute

la chaleur pas plus que la pente ne la cache
ni l’eau revient en regardant sous les portes
les années qu’on se vide et chaque et l’écoute

Q15 – T36 – y=x :  c=a – toutes les rimes sont des mots-rimes répétés identiquement

Je suis le fol Roy de Colchide — 1977 (11)

Roger Gilbert-Lecomte Oeuvres complètes, II

L’Heur du Roy de Colchide

Je suis le fol Roy de Colchide
J’habite dans sept grands palais de Jade
Et j’ai sept caravelles dans ma rade
Qui m’apportent les trésors de l’Atlantide.

Pour avoir erré sur la mer viride
Dans un clair de lune de sérénade
Leurs pourpres gardent un peu du bleu fade
Des cieux où la nuit veut compter le vide.

Le seul sérail dont je fasse parade
C’est le ciel d’étoiles: j’entends, maussade,
Tintinabuler leur cristal limpide.

Je meurs de langueur. Dans mon coeur malade
Des poissons dorés à l’éclat splendide
Vont nageant en désespoir de noyade!

Q15 – T7 – 2m: 10s; octo: v.1; 11s: v.4 –  y=x: c=b, d=a

A nuage muet une morale rie — 1977 (2)

OulipoHommage à Raymond Queneau (Bibliothèque oulipienne) –

d’un autre membre de l’Oulipo

 » Une case vide – longueur des syllabes – dans la Table de Queneleieff est comblée, minimalement, par ce sonnet, selon les règles et aussi quelque ironie. Un clinamen dans le compte des lettres, par absence et excès, dit le destinataire.  Comme la parenthèse à la ligne en plus, coda »

Air


 » Un peu profond ruisseau …  »

A nuage muet une morale rie
il évidera le visage de l’écho
avec une parole même si la co
agulation de la sève le délie

ici, du sol. On a, père, ramé folie
analysé le dé par une face co
limaçon à l’hélice le zéro d’à cô
té le minime six élide la série.

Or, à demi tiré du visible ni su
ni mu sinon ironie timide buée
il anihile le duel de la mesu

re paradis avec la vérité tuée
avive d’acide le silence cela:
lignes en égale (la inutile) la

mort (que l’eau n’émonde son havre de durée)

Q15 – T23 + d – 15v

Les mots nouveaux me donnent de la tablature, — 1973 (11)

OulipoLa Littérature potentielle

Francois le Lionnais

L’unique sonnet de treize vers et pourquoi*

Les mots nouveaux me donnent de la tablature,
Ils ne figurent pas au Larousse illustré
Et bien souvent je suis quelque peu étonné
Par ceux-ci, dont l’aspect semble contre nature:

Arnalducien, bensilloscope, bergissime,
Blavièrement, braffortomane, duchater,
Lattisssoir, lescurophage, queneautiser,
Quevaloïde, schmidtineux, à quoi ça rime?

Mais il est parmi tous un mot imprononçable,
Sous un parler rugueux son sens est délectable,
C’est le mot: oulichblkrtssfrllnns.

J’eus tort de faire appel à lui pour un sonnet
Car je ne trouve pas de rime à frllnns.

* Après adoption d’un quatorzième vers, le titre deviendra:
Sonnet de quatorze vers.

Q63 – ccd xd – 13v

Je n’ose dire, — 1973 (9)

OulipoLa Littérature potentielle

Latis Essais de la méthode du T.S Queneau sur quelques-uns de ses sonnets


Qui cause? Quidose? Qui ose?

Je n’ose dire,
Pas osé.
Le dire
Je n’oserai.

Dire
Réduirait.
Produire
Produirait.

Si je l’ose,
Courte pause,
Le quatrain,

Qui cause,
Qui ose
Une fin.

Q8 – T6 – obtenu par ‘réduction aux sections rimantes’ à partir d’un sonnet de Raymond Queneau

La volupté du soir, la nuit et son mystère — 1970 (10)

Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers

Moïse

La volupté du soir, la nuit et son mystère
Descendaient sur ces monts où Japhet fut conçu ;
Et Moïse, accablé, enfin las de se taire,
Re-disait à IAVE ce discours par trop su :

«  O Seigneur, j’ai vêcu puissant et solitaire.
Souhaitant de passer de vous inaperçu
Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre,
Exaucez-moi, Seigneur, vous dont j’ai tant reçu.

De cette auguste main que vous daignez me tendre
Rayez-moi de ce monde où nul ne veut m’entendre.
Je reviens à ma terre, en glissant tous mes pas

Sous votre ombre, ô Seigneur, à qui je fus fidèle ».
Or, Sa Voix retentit, et que lui disait-elle ?
« Je suis celui qu’on aime, et qu’on ne connaît pas »

Q08  T15  arv  d’après Vigny.

La cigale, un beau jour, s’en vint en grand mystère, — 1970 (9)

Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers

La cigale et la fourmi

La cigale, un beau jour, s’en vint en grand mystère,
Chez la fourmi, ayant conçu
De quémander, mieux eût valu se taire
Un grain de mil, tout un chacun l’a su.

« Mon dénuement d’insecte solitaire
N’a pu de vous passer inaperçu
Prêtez-moi ces trésors que vous cachez sous terre,
Et je vous signe un bon reçu »

La fourmi, pas toujours tendre
Lui laisse entendre
D’aller ailleurs porter ses pas

«  A mes moindres défauts je veux rester fidèle »,
Lui dit-elle
« J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas ».

Q08 – T15  arv – 2m :Texte polymétrique : alexandrins au vers 1 et 7 – décasyllabes : v 3 à6 – taratantara au vers 14 – octo : 2,8,11 – hepta :v 9 – tétrasyllabe : vers 10 – trisyllabe : vers 13.

Mais si, mon vieil ami, votre secret mystère — 1970 (8)

Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers

Mais si, mon vieil ami, votre secret mystère
Je l’avais deviné quand vous l’aviez conçu.
Une femme sait bien l’amour qu’on veut lui taire,
J’attendais votre aveu sans que vous l’ayez su.

Hélas ! il est trop tard mon cher inaperçu !
Vous méritez un peu de rester solitaire :
Qui ne demande rien sur cette ingrate terre
Ne peut pas s’étonner de n’avoir rien reçu.

Puisque vous savez bien écrire des mots tendres,
J’aurais peut-être aimé, jeune encor, vous entendre
Au lieu du bruit discret de vos pas dans mes pas.

Vous n’avez pas senti, quoiqu’étant tout plein d’elle
Les rêves que peut faire une femme fidèle
Dans le lit d’un époux qui ne la comprend pas.

Q10  T15  arv

Avec les sentiments de nos sens analogues, — 1970 (6)

Jean Queval En somme


Déclaration d’indépendance

Avec les sentiments de nos sens analogues,
L’intelligence existe, existant plus ou moins
La volonté voudrait casser les équivoques
Trois facteurs qu’on ordonne en des écrits témoins.

Il y a le langage où se fait notre langue
La sensibilité registre et notation
Soit les pouvoirs moraux dépouillés de leur gangue
Ce sont là matériaux, suit la cogitation :

Tu corrigeras donc en silence le trait
De ton discours patient impatient d’une rose
Tout le temps te tairas aux échos importuns :

Quand par démonstration le vrai sens est soustrait
Quand la pensée se pense et se complaît morose
Borgne et sourd nul poète en un morne écrivain.

Q59  T36