Archives de catégorie : Formule de rimes

Forte femme aux tétons lourds de lait — 1891 (7)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Fricka

Forte femme aux tétons lourds de lait
Que d’un sursaut de rut tu retrousses,
Germaine au con rouge aux tresses rousses,
Puissante à jouir dès qu’il te plaît.

Ventre épais que précède une touffe
Et si difformément labouré;
Bras charnus où foisonne un fourré,
Et dont l’étreinte effrayante étouffe.

Femme au con maternel, tu ne sais
Que baiser et tu dis ‘C’est assez!  »
Tu ne sais pas que l’amour s’attache

A toutes les lèvres, à tous les trous,
Tu veux rester l’Epouse, la Vache
Et n’ouvrir que ta vulve aux poils roux.

Q63 – T14 – 9s

Mais toi, fleur de luxure, O Freia! — 1891 (6)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Freia

Mais toi, fleur de luxure, O Freia!
Rose dont les poils sont les épines,
C’est ta bouche où vont les belles pines
Que ta langue en chaleur balaya.

Dans tes jambes où brûle la fièvre
Quand tes amants ont la tête en feu,
Pour accueillr leur geste et leur jeu
Ta vulve a des baisers sur les lèvres.

Elle palpite et s’ouvre à lécher,
Rose mousseuse et fleur de pêcher,
Elle s’écarte et jaillit à boire

Le nectar fou des frissons ardents,
Incitateur éjaculatoire
Des belles pines entre tes dents.

Q63 – T14 – 9s

Pour que Freia t’exauce, ô païenne! — 1891 (5)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires

Ortrude

Pour que Freia t’exauce, ô païenne!
Tu l’as vaincue en lubricité,
Suçeuse au gland d’un cheval mâté
Tribade avec la chair de ta chienne;

Ta soeur t’a léchée en vomissant,
Tes enfants au berceau t’ont connue,
Ta fille a livré sa fente nue
A ta langue, et tu l’as mise en sang:

Et tes doigts mis dans ta vulve interne,
De ton sexe ont fait une caverne
Enorme pour un rut d’étalon

Et cependant Elsa vit encore,
Et de son ongle écaille à l’aurore
Des croutes de sperme au ventre blond.

Q63 – T14 – 9s

Ils te croyaient pure, Elizabeth! — 1891 (4)

Pierre LouÿsLe Trophée des Vulves légendaires – neuf sonnets sur les héroïnes de Wagner rêvés au pied du Vénusberg en août 1891.

Elizabeth

Ils te croyaient pure, Elizabeth!
Ils t’appellaient sainte, immaculée!
Mais tu riais d’eux, grande enculée,
Quand Tanhauser au lit t’enjambait;

Il n’hésitait, pour vivre sa vie,
Qu’entre le trou noir de ton anus
Et la vulve en chaleur de Vénus,
Mais tu l’étreignais, inassouvie.

Furieuse au hasard des coussins,
Refoulant son ventre avec tes seins
Tu fis pour lui ta bouche ordurière;

Et lui tendais l’horreur de ton cul
Tu le sentis foutre par derrière,
Et tu portais le corps du vaincu.

Q63 – T14 – 9s

Coco dit Tape-à-l’oeil, professeur de savate, — 1891 (3)

Laurent TaihadeAu pays du muffle – Ballades et quatorzains –

Rue de la Clef

Coco dit Tape-à-l’oeil, professeur de savate,
Camelot et dompteur de caniches, ayant
Sur quelque pantre aussi gourdé que flamboyant,
Prélevé le mouchoir, la bourse ou la cravate,

Est dans les fers. Le désespoir règne parmi
Tant d’épouses qu’il asservit à sa conquête
Et les dames du Chabanais font une quête
Pour que soit d’un peu d’or son courage affermi.

Mais, content des loisirs que lui fait Pélagie,
Le ‘petit homme’ aux reins vannés, se réfugie
Près des conspirateurs dont brille cet endroit.

Et fier de ressucer les mégots qu’il impêtre
Chez les poëtes et chez les docteurs en droit,
Il savoure l’orgueil de voir des gens de lettres.

Q63 – T14

Les femmes laides qui déchiffrent des sonates — 1891 (2)

Laurent TaihadeAu pays du muffle – Ballades et quatorzains –

Place des Victoires

Les femmes laides qui déchiffrent des sonates
Sortent de chez Erard, le concert terminé
Et, sur le trottoir gras, elles heurtent Phryné
Offrant au plus offrant l’or de ses fausses nattes.

Elles viennent d’ouïr Stanislas Talapoint,
Le pianiste hongrois que Le Figaro vante,
Et, tout en se disant du mal de leur servante,
Elles tranchent un cas douteux de contrepoint.

Des messieurs résignés à qui la force manque
Les suivent, approuvant de leur chef déjà mûr,
Ils eussent préféré le moindre saltimbanque.

Leur silhouette court, falotte, au ras d’un mur,
Cependant que Louis, le vainqueur de Namur,
S’obstine à regarder les portes de la Banque.

Q63 – T21

Encor vréman, bon Duvignô, — 1891 (1)

Le Chat Noir

Verlaine

A A. Duvigneaux
Trop fougueux adversaire de l’orthographe phonétique

Encor vréman, bon Duvignô,
Vou zôci dou ke lé zagnô
E meïeur ke le pin con manj,
Vou metr’ en ce courou zétranj

Contr(e) ce tâ de brav(e) jan
O fon plus bête ke méchan
Drapan leur linguistic étic
Dans l’ortograf(e) fonétic?

Kel ir(e) donc vous zambala?
Vizavi de cé zoizola
Sufi d’une parole verd(e).

Et pour leur prouvé sans déba
Kil é dé mo ke n’atin pa
Leur sistem(e), dizon-leur: ….

Q55 – T6 -octo

Je les ai donc encor les grands regards candides — 1890 (34)

La France moderne

Décubridor

Je les ai donc encor les grands regards candides
Vers les chers infinis à jamais en allés,
Les purs regards d’hier aux lumières limpides
Comme les horizons aux clartés des matins.

J’ai trop longtemps été dans de îles fiévreuses
Au tourbillonnement de parfums affolés.
Je les ai trop connues les fleurs cadavéreuses
Qui croissent sous la mort des ciels adamantins.

J’ai soif vers les fraîcheurs, vers les bonnes fraîcheurs,
Et, les yeux entrevus éperdus d’innocence :
Pour goûter le bonheur des calmes Labradors

Je voguerai longtemps sous des cieux d’espérance
En la foi d’aborder aux lontaines douceurs.
Car je porte le cœur des grands décubridors.

(Théodore Falen)

abab’ a’ba’b’ T38  disp :4+4+3+2+1

Artiste, toi, jusqu’au fantastique, — 1890 (33)

Verlaine Dédicaces

A Charles de Sivry

Artiste, toi, jusqu’au fantastique,
Poète, moi, jusqu’à la bêtise,
Nous voilà, la barbe à moitié grise,
Moi fou de vers et toi de musique.

Nous voilà, non sans quelques travaux,
Riches, moi de l’eau de l’Hippocrene,
Quand toi des chansons de la Sirène,
Mûrs pour la gloire et ses échafauds.

Bah ! nous aurons eu notre plaisir
Qui n’est pas celui de tout le monde
Et le loisir de notre désir.

Aussi bénissons la paix profonde
Qu’à défaut d’un trésor moins subtil
Nous donnèrent ces ainsi soit-il.

aaaa  b’a’a’b’ T23  9s