– Fulgence Girard Keepsake breton
Spleen
Quand la pêche a rempli sa hotte et ses filets,
Le mareyeur lassé regagne le rivage,
Fait sécher au soleil sa seine sur la plage,
Et puis, en attendant le soir, s’endort auprès.
Une fois qu’il arrive au terme de sa course,
Sans attendre en marchant la chute de la nuit,
Le voyageur s’arrête, et dans l’eau d’une source,
Délasse, en les lavant, ses pieds, … et tout est dit.
Je les imite moi: que m’importe si l’ombre
Sur ma tête inclinée étend son crêpe sombre,
Ou si dans son midi mon soleil luit aux cieux?
Comme eux, j’ai parcouru la traite de la vie,
J’ai souffert, j’ai pleuré: ma tâche est accomplie;
Mon salaire est gagné; je veux dormir comme eux.
Q62 – T 15
Les rimes du deuxième quatrain sont ici différentes de celles du premier, normalement embrassées: abba a’b’a’b’ . Exemple de violation de ce que Gautier (par exemple) désigne comme ‘règle de la quadruple rime’ (chaque rime des quatrains doit y figurer quatre fois). Contrairement aux affirmations péremptoires de mr Graham Robb, ce n’est nullement Baudelaire qui a introduit le sonnet ‘libertin’ dans la poésie française du 19ème siècle
v.3 : ‘seine’ –Terme de pêche. Sorte de filet qu’on traîne sur les grèves. ; il a souvent un sac dans son milieu. (d’après HN : Héloïse Neefs : les disparus du Littré)