Archives de catégorie : bl

Les vers ne riment pas

Voiler pourra mes yeux l’ombre dernière — 1980 (2)

Claude Esteban Poèmes parallèles


Constance de l’amour au-delà de la mort

Voiler pourra mes yeux l’ombre dernière
Qu’un jour m’apportera le matin blanc,
Et délier cette âme encore mienne
L’heure flatteuse au fil impatient.

Mais non sur cette rive-là de la rivière
Ne laissera le souvenir où il brûla.
Ma flamme peut nager parmi l’eau froide
Et manquer de respect à la sévère loi.

Ame, à qui tout un dieu a servi de prison,
Veines, qui à tel feu avez donné vos sucs,
Moelle, qui glorieuse avez brûlé,

Laisserez bien le corps, non le souci,
Cendre serez, mais cendres du sensible;
Poussière aussi, mais poussière amoureuse.
Quevedo

bl – m.irr – tr

Tandis que pour lutter avec ta chevelure, — 1980 (1)

Claude Esteban Poèmes parallèles


Mientras por competir con tu cabello

Tandis que pour lutter avec ta chevelure,
Or bruni le soleil vainement étincelle,
Tandis qu’avec mépris au milieu de la plaine
Contemple ton front blanc la fleur belle du lis

Tandis que pour cueillir chacune de tes lèvres
Te poursuivent plus d’yeux que l’oeillet de printemps,
Et que superbement dédaigne, triomphant
Du cristal lumineux, ta gorge souveraine;

Cette gorge, et ce front, ces cheveux, cette lèvre
Cueille-les dès avant que ce qui fut hier
En ton âge doré, lis, oeillet, or, cristal

Argent ne se change, en violette fanée,
Mais plus encore, et toi avec eux mêmement,
En poussière, en fumée, en cendre, en ombre, en rien.
Gongora

bl – m.irr – tr

MUVER à son miroir perd sa propre personne — 1977 (3)

Paul Braffort

Son ‘est non-et »

MUVER à son miroir perd sa propre personne
Mulhierr a d’autres yeux, Shantant n’a pas ce nez.
Ce n’est plus ton visage, ô MUVER!! Non, hideux,
C’est SULFAM qui te fixe au travers du Teepol!

Tu fuis, MUVE, tu fends ces rues où t’encombras
Du blues à Saint-Glinglin l’horrible métaphore!!
Mais chez SULFAM, à Rueil, qui t’accueille? Un parent?
Non! tu te voix, MUVER, en regardant cet homme!!

SULFAM (de glace, lui, face à MUVER en nage!)
Reconnaît ce Pierrot (qui le fixe, béat !!),
Collabo du dimanche à la fleur au béret!!

Or, SULFAM resté seul (pauvre enfant du Limon!)
Ne peut voir dans la glace (outre un piano à queue!)
Que, symbole de chef, « Herr MUVER au piano!!

bl

 » 1. Le titre est une ‘méta-contrainte »: il établit un lien entre la contrainte prosodique (traditionnelle) et les contraintes sémantiques qui découlent de:
2. La conjonction ‘ non-et’ (connue aussi sous le nom de « Symbole de Scheffer ») est une opération définie sur l’ensemble des valeurs de vérité. Sa ‘table de Pythagore’ est

FAUX VRAI
FAUX VRAI VRAI
VRAI VRAI FAUX

Ces valeurs engendrent évidemment les personnages. L’action, elle, est déterminée par:
3. La contrainte définie par Raymond Queneau … sous le titre « La relation x prend y pour z « . En se reportant à ce texte on vérifiera que les premières lignes nous faisaient un devoir de choisir cette contrainte. Il s’agit ici, bien entendu, de la relation: « x regardant y voit z « .
4. Enfin les non-rimes de ce sonnet riment en somme à ceci: il se dit et se dédie tout à la fois.  « 

Fellah, décris-les, tes seins las de pire soûle, — 1977 (1)

OulipoHommage à Raymond Queneau (Bibliothèque oulipienne) –

Georges Perec

Dos, caddy d’aisselles

Fellah, décris-les, tes seins las de pire soûle,
Fedor, relies l’azur tour à tour lent du mot
Rond qu’hélas est vers traqueur – vingt fois de jet – et
Reine si l’âge n’a tout gros, là, dans vert et jais.

Haine: l’art d’Eusèbe éduque orge enroué: front. Mon
Rond, bille où, niant s’il eut bus, faire, où mou, jà, suit.
Lis ça: zéro! l’âpre à Pan, l’oeil outré là et
Les eaux des coeurs montent à temps et plaisent qui fleurent là.

Lis! t’as dit « Merle happé »? Lis: Zippo le moineau
Laisse au con maquis, toi, beau tondu, nuis l’Adam
Lit collant mais là, de noir: l’aye! Sot le porte!

Laisse tes cons! Lutte! monte et mords l’étoile et ce mât
Lies borate où la natte est Kid à serein l’hep!
Les sauts qu’ont l’Un: veuf, l’Hébreu n’était. Le suis-je?

bl – traduction homophonique et palindromique par syllabes d’un sonnet connu.

J. ma jacinthe mon jasmin — 1974 (1)

Yves GascL’instable, l’instant (?)

1
Sur la lettre J en l’honneur de son nom

J. ma jacinthe mon jasmin
ma jaspe du Japon ma jade
jonquille de janvier ma joie
joyau du jour en mon jardin.

J. jarre d’eau jatte de lait
à jeun jeudi de jouissance
jour de jais jambes jumelles
jalousie jaune de juin.

En juillet les javelles jointes
Javelines et joncs de la joute
Jeu de la jungle juvénile

Jadis justice de Jésus
jeune jamais je n’ai jugé
si joli joug de jubilé.

bl – octo – J’emprunte cet exemple à un essai inédit de Mr Tuillière

Vous vous vous, parce que mais nul dont ce aucune — 1973 (10)

OulipoLa Littérature potentielle

Francois le Lionnais

10
La rien que la toute la
à QUE

Vous vous vous, parce que mais nul dont ce aucune
Quand de ce (pour avec)  et ce pourquoi jamais;
Seulement le et les et déjà si quand nous
Au et contre ces qui d’où vous aussi vous des.

Quelque enfin, pas ne tant depuis tout après une
Car si du en auprès (comme un qui je pour vous),
Et même … il en leur la plus que ce je ne te
Maintenant et cela ou tel toujours sans très.

Là de les puisque vous, moins que pour dont, autour
Desquels celui ne parmi et jusqu’alors – non
Dans le de et par – la qu’il comme la et seuls

Désormais tu son donc! et tu bien les ici
Mais grâce à lorsque sur dont un les des en eux
Tu Tu Tu à travers les nul dont ce aucune.
LE

bl

La nuit était ancienne — 1971 (3)

René CharLe nu perdu

Déshérence

La nuit était ancienne
Quand le feu s’entrouvrit.
Ainsi de ma maison.

On ne tue point la rose
Dans les guerres du ciel.
On exile une lyre.

Mon chagrin persistant,
D’un nuage de neige
Obtient un lac de sang.
Cruauté aime vivre.

O source qui mentis
A nos destins jumeaux,
J’élèverai du loup
Ce seul portrait pensif!

s.rev – bl – 6s

Je félixarverise hélas! en vers risibles, — 1971 (1)

– Docteur René Chauvelot Les nouveaux sonnets du docteur


Les nouveaux sonnets

Je félixarverise hélas! en vers risibles,
Mais laisserai pourtant, quelques idées nouvelles:
Sonnet de type classique avec des extraits
De beaux vers méconnus, et du siècle dernier;

Quatorze vers dont chacun a son propre thème;
Reflet de notre époque, en vers blancs ou rimés;
Par réaction sonnet santé-moralité;
Une autre nouveauté le ‘sonnet d’Antigone’,

Avec mots retournés. Et puisque le sonnet
Est délaissé, je veux souvent sonnetiser
Et sur ce vieux surjeon créer quatorze formes.

bl  – 11v – s sur s

Le pays du début d’octobre n’avait fruit — 1965 (8)

Yves Bonnefoy Pierre écrite


La parole du soir

Le pays du début d’octobre n’avait fruit
Qui ne se déchirât dans l’herbe, et ses oiseaux
En venaient à des cris d’absence et de rocaille
Sur un haut flanc courbé qui se hâtait vers nous.

Ma parole du soir,
Comme un raisin d’arrière-automne tu as froid,
Mais le vin déjà brûle en ton âme et je trouve
Ma seule chaleur vraie dans tes mots fondateurs.

Le vaisseau d’un achèvement d’octobre, clair,
Peut venir. Nous saurons mêler ces deux lumières,
O mon vaisseau illuminé errant en mer,

Clarté de proche nuit et clarté de parole,
– Brume qui montera de toute chose vive
Et toi, mon rougeoiement de lampe dans la mort.

bl – 2m :6s: v.5