Archives de catégorie : T15 – ccd eed

Ton corps n’a plus pour moi ni secret, ni mystère. — 1912 (10)

Laurent Mongin Sonnets travestis, sur les rimes du sonnet d’Arvers

III

Ton corps n’a plus pour moi ni secret, ni mystère.
Tu couronnas l’amour que pour toi j’ai conçu.
Je crains, en te voyant, de ne pouvoir le taire
Cet amour qui ne doit de personne être su.

Alors que je croyais rester inaperçu,
Implorant ton regard, attristé, solitaire,
Ange, tu m’as souri. Je passais sur la terre,
Je ne demandais rien, de toi j’ai tout reçu.

O maîtresse adorée, ô maîtresse si tendre,
L’hymne de nos baisers, ne dois-je plus l’entendre,
Puisque bien loin de toi je porterai mes pas ?

Bouquet de nos aveux sois le gardien fidèle,
Puisses-tu ne jamais te flétrir auprès d’elle
Pour lui dire sans cesse : « Il ne t’oubliera pas »

Q10  T15  arv

Iris, quand ton cu dodeline — 1912 (8)

Fernand Fleuret Le Carquois du Sieur Louvigné du Dezert

Sonnet pour une belle Personne de qui l’on disoit que le gros Derrière avoit le balancement agréable d’un navire

Iris, quand ton cu dodeline
Souz les Ombres de ces jardins,
L’on ne sçait si ton pas chemine
Ou si tu vogues par chemins.

Ouy! Ce Sable est onde marine
Qui meurt au pié de ces Jasmins:
Sur elle ton cu se dandine,
Et ces Pigeons sont des dauphins.

Non! ce cu-là n’est qu’un derrière,
Et, lorsque tu l’assieds par terre,
Lasse des amoureux traffics,

Les Morts, que ta chaleur oppresse,
Erigent vers ta belle Fesse
Les pasles vits des Agarics.

Q8 – T15 – octo

Qui donc es-tu? toi qui te lèves — 1912 (1)

Raoul Lecomte, l’employé de métro poète – Recueil de poésies

Aurora (sonnet)

Qui donc es-tu? toi qui te lèves
Là-bas où paraît le soleil
Toi qui fait achever mon rêve
En souriant à mon réveil.

Resplendissante tu t’élèves
Embrasant l’horizon vermeil,
Décor sublime et sans pareil
Surgit dans la nuit qui s’achève.

De tes éclats éblouissants
Aux mille feux étincelants
Tu fais s’épanouir la flore.

Et parmi le calme serein
A ma fenêtre le matin
Je vois apparaître « L’aurore ».

Q9 – T15 – octo  – « Au fond du souterrain où ma vie se déroule »
En quatrième de couverture: « Toi qui souffres et te lamentes / Ayant des troubles dans le cœur, / De Ricqlès prend l’Alcool de Menthe / Tu trouveras le vrai bonheur // »

Je lève haut la tête et dois encor prétendre — 1911 (5)

Anthologie Hospitalière

E.Feld

Sonnet du Dard vert

Je lève haut la tête et dois encor prétendre
Que Nemrod à mon maître enseigna l’art de tendre:
Tendre et dur à la fois! Le seul art vénérien
Les fait, les synthétise en ne partant de rien.

Ô beauté pénisienne, ô beauté préputiale!
Pour vous plus d’une fille à … l’âme virginale
A désiré tailler cette plume d’amour
Qui sait mettre en relief le charme du contour.

Aussi mon possesseur me chérit, me vénère,
Il sait, quand il le faut, m’appeler: –  » Petit frère « .
Et puis d’une caresse augmenter mes appas.

A toutes j’ai montré, prodigue, ma plastique;
Fidèle à mon dicton : –  » Qui s’y frotte … s’y pique  »
Et j’ai … pleuré souvent en ne m’essuyant pas!

Q58 – T15

Son corps a son secret, son vagin son mystère — 1911 (4)

? Anthologie Hospitalière

Imité du sonnet d’Arvers

Son corps a son secret, son vagin son mystère
Mal horrible, éternel, en un moment conçu.
Et, puisqu’il est secret, pourquoi ne pas le taire?
Car ne vaut-il pas mieux qu’il n’en soit rien su.

Ciel! je vous remercie de m’en être aperçu;
Je vous en remercie pour mon ver solitaire,
Car j’aurais pu passer près d’elle sur la terre,
N’ayant rien demandé, pourtant l’ayant reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, cruelle et sans entendre
Les soupirs douloureux élevés sur ses pas.

A son noble métier obstinément fidèle,
Elle dira, le mal l’effleurant d’un coup d’aile:
« Quel est donc le salop? » Mais ne trouvera pas.

Q10 – T15 – arv

Au-delà de l’Araxe où bourdonne le gromphe, — 1911 (3)

Philippe Berthelot in Philippe Martinon Dictionnaire méthodique et pratique des rimes françaises

« … triomphe, l’exemple ordinaire des mots sans rimes, n’aura pas de rime ici, puisqu’il n’en pas dans l’usage. *
* Nous citerons pourtant, à titre de curiosité, le sonnet suivant, de M. Philippe Berthelot

Alexandre à Persépolis 330 av J.C.

Au-delà de l’Araxe où bourdonne le gromphe,
Il regardait, sans voir, l’orgueilleux Basileus,
Près du rose grandit que poudroyait le leuss,
La blanche floraison des étoiles du romphe .

Accoudé sur l’Homère au coffret chrysogromphe,
Revois-tu ta patrie, ô jeune fils de Zeus,
La plaine ensoleillée où roule l’Aenipeus,
Et le marbre doré des murailles de Gomphe?

Non! le roi qu’a troublé l’ivresse de l’arack,
Sur la terrasse où croît un grêle azédarac,
Vers le ciel, ébloui du vol vibrant du gomphe

Levant ses yeux rougis par l’ivresse et le vin,
Sentait monter en lui comme un amer levain
L’invincible dégoût de l’éternel triomphe.

Q15 – T15 –  y=x ( d=a ) – – Cet exemple nous a été signalé par mr J.Cl. Milner.(JR)

Prends cet Alde. Il est souple et poli sous ta main. — 1911 (2)

Henri de RégnierLe miroir des heures

Sur un exemplaire des Dialogues d’amour de Léon l’Hébreu

Prends cet Alde. Il est souple et poli sous ta main.
Le papier est de choix, et la lettre est accorte,
Et la première page, au bas du titre, porte
La haute ancre marine où s’enroule un dauphin.

Pour le couvrir, on n’a voulu ni parchemin
Trop orné, ni velours trop éclatant, de sorte
Que son double plat noir, pour tout lustre, comporte
A chacun de ses coins, un seul fleuron d’or fin.

En sa parure sobre et sombre autant que belle,
Il évoque un décor de gondole, comme elle,
Or sur noir, à la fois galant et ténébreux,

Car c’est ainsi jadis qu’un seigneur de Venise
Fit relier pour lui, sans chiffre ni devise
Ce livre qui plaisait à son cœur amoureux.

Q15 – T15

Madame, à mon avis, les plus noirs mécréants. — 1910 (13)

Maurice Hennequin et Georges Basset Une aventure impériale

Madame, à mon avis, les plus noirs mécréants.
Ne se rencontrent point aux pays d’aventure ;
Et pour trouver traîtrise, embuscade et capture,
Point n’est besoin, je crois, de sortir de céans !

A vos pieds, en vaincus, ont gémi des géants.
Voyez combien de cœurs, cy, gisent sur la dure ;
Et je pleure en songeant que, le mal que j’endure
Pour le fuir, il faudrait passer les Océans !

Car vos grands yeux, toujours, sont pleins de maléfices.
Leur charme est un tissu de profonds artifices.
Et c’est un autre sphinx que leurs rellets câlins.

A l’âge, où des dangers on se fait une fête.
Lâche, je n’ose point, de peur d’une défaite
Affronter les éclairs de vos grands yeux divins !

Q15 – T15

Le palais de Gormaz, comte et gobernador, — 1909 (2)

Georges Fourest La négresse blonde

Le Cid

Le palais de Gormaz, comte et gobernador,
Est en deuil : pour jamais dort couché sous la pierre
L’hidalgo dont le sang a rougi la rapière
De Rodrigue appelé le Cid Campeador.

Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre
Chimène, en voiles noirs, s’accoude au mirador
Et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière
Regardent, sans rien voir, mourir le soleil d’or…

Mais un éclair soudain fulgure en sa prunelle :
Sur la place Rodrigue est debout devant elle !
Impassible et hautain, drapé dans sa capa,

Le héros meurtrier à pas lents se promène :
« Dieu ! » soupire à part la plaintive Chimène,
« Qu’il est joli garçon l’assassin de Papa ! »

Q17 – T15

Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes — 1909 (1)

Georges Fourest La négresse blonde

Pseudo-sonnet africain et gastronomique ou (plus simplement) repas de famille
Prenez et mangez: ceci est mon corps

Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes
des toumbos, le bon roi Makoko* s’est assis.
Un m’gannga tatoua de zigzags polychromes
sa peau d’un noir vineux tirant sur le cassis.

Il fait nuit: les m’pafous ont des senteurs plus frêles;
sourd, un marimeba vibre en des temps égaux;
des alligators d’or grouillent parmi les prêles;
un vent léger courbe la tête des sorghos;

et le mont Koungoua rond comme une bedaine,
sous la Lune aux reflets pâles de molybdène,
se mire dans le fleuve aux bleuâtre circuit.

Makoko reste aveugle à tout ce qui l’entoure:
avec conviction ce potentat savoure
un bras de son grand-père et le trouve trop cuit.

* Makoko, souverain anthropophage (mais constitutionnel) de l’Afrique Centrale (Note de l’Auteur)

Q59 – T15