– René Nelli – Sonnets monosyllabiques
31
Telle
dure
plante
nie
la
vie
qu’elle
hante :
sa
lente
sève
dure :
trève
sûre !
mono – bl
Les vers ne riment pas
– René Nelli – Sonnets monosyllabiques
31
Telle
dure
plante
nie
la
vie
qu’elle
hante :
sa
lente
sève
dure :
trève
sûre !
mono – bl
– René Nelli – Sonnets monosyllabiques
21
Bûchers-Montégut
Honte
0
feu
clair !
vers
le
Très
Haut
flammes
de
femmes
ces
âmes
promptes
mono – bl
– Maurice Regnaut Recuiam
Monde
Mortel
C’est alors
Que dans le vide
Mensonger du noir
A surgi, appuyée
A la sombre énorme cuisse
D’un très vieux cheval, la joue
Lumineusement pâle
D’un enfant humant
Les yeux fermés
L’odeur
Chaude
bdn – boule de neige métrique croissante-fondante
– Maurice Regnaut Recuiam
Si j’entendais faire un sonnet tendre,
Il me suffirait, c’est vrai, de dire,
Avant de vous brûler, feuilles mortes,
Quel amour se voyait de ces lettres,
Mais j’aurais beau, en doux style ancien,
Comme au fond de la nuit parle en rêve
Et fou taciturne, oui, j’aurais beau
Amants duveteux, amants ailés
Exalter ébloui votre …………………………
…………………………………………………………….
……………………………………………………………..
Il faudrait aussi, sans main qui tremble,
Pour être fidèle au manuscrit,
Noter cris, horreur, plaintes opaques
bl – 9s – lacunaire
– Maurice Regnaut Recuiam
Jamais
Et toujours,
N’es-tu pour nous,
Battante et sonnante
Qu’une horloge éternelle
Ou nos heures les plus hautes,
N’es-tu pas masse de nous voir
Faire aussi fous ces geste d’écume
Vers tant d’horizon, tant d’éphémère,
Mer, jamais et toujours pour rien et personne
Qu’être et que dire en vérité, horreur, splendeur,
Qui ne soit ni toi ni moi, mais l’énigme même,
Et simplement, par soif de sel, de gel de grand vent, de silence?
bdn – vL
– René Nelli – Sonnets monosyllabiques
2
Soirs
bas
sous
l’or
d’une
lampe:
chez
nous
les
loirs
campent
la
lune
dort.
bl – mono
– Yves di Manno Champs
Problème du roman
Un mot, un seul (lequel ?) et nous trouverons
Quel sentier obliquement y mène : la décou
Verte. Un mot n’aurions- nous cure et s’agis-
Ssant du sens, il sera dit que nous nous oc-
Cupons : à quelle fin la fin importe-t-elle ?
Si le modèle (pour ici le sonnet, copié à l’en-
Vers) à lui seul en décide – ne le savons :
Savons qu’un orme frêle se courbe sous le
Vent – que le son se suffit à lui-même et
Qu’étymologiquement mourir nous ennuie.
J’ai répit, j’ai repos, devant le bassin
Terne : enfant j’y lançais mon navire, sou-
Cieux de sa voile : enfant, j’étais perdu
Adulte le demeure sans changer ma demeure.
bl – m.irr.- s. rev —
– André Ughetto et Christine Grill Pétrarque: 42 sonnets…
1
O vous qui écoutez à mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon coeur
En la jeune saison de mon erreur première
Quand en partie j’étais un autre que je suis,
Pour ce style où les pleurs se mêlent aux discours,
Vainement ballotté entre espoir et douleur,
Si l’un de vous conçoit quelle épreuve est l’amour
Puissè-je auprès de lui trouver miséricorde.
Mais maintenant je sais quelle risée je fus
Et pendant si longtemps et au regard de tous
(Le plus souvent même en moi-même je rougis)
Et de mon égarement la honte est le fruit,
Avec le repentir et le savoir certain
Que ce qui semble plaire ici-bas n’est que songe.
bl – tr
– Alain Bosquet Sonnets pour une fin de siècle
Portrait d’un jeune aristocrate
En mil neuf cent, par là, un grand-duc de Russie
venait dans cet hôtel pour aérer son âme,
pleine d’ennui, de force et de fracas. Sa veuve
est enterrée sous le velours d’un sycomore.
Son petit-fils procure – il suffit d’un pourboire –
aux vieux Américains des Anglaises très plates
ou des Suissesses bien en chair. Serguéï, Ivan,
Micha: il a tant de prénoms que l’uniforme
de l’Impérial Palace est son unique orgueil.
Son cher ami, le moniteur, Paul, Jean ou Jules –
car c’est selon – apprend aux dames fortunées
la nage sur le dos, mais leur préfère au lit
quelque boniche. Hélas! la lune est démocrate,
et l’azur se commet avec n’importe qui.
bl
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– Claude Esteban Poèmes parallèles
Pierre noire sur pierre blanche
Je mourrai dans Paris, un jour d’averse,
Un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai dans Paris – et je l’accepte –
Et peut-être un jeudi d’automne comme aujourd’hui.
Oui, un jeudi. Car ce jeudi où maintenant j’aligne
Ces vers, j’ai mis mes humérus tant bien que mal,
Et jamais comme aujourd’hui je n’ai fait l’épreuve
Après tout ce chemin, de me voir seul.
César Vallejo est mort, ils le frappaient tous
Sans qu’il leur fasse rien, et tous cognaient
Dur avec le bâton, et dur aussi
Avec la corde encore ; en sont témoins
Ces jours jeudis, ces os, ces humérus,
La pluie, la solitude, les chemins ….
Vallejo
bl – m.irr – tr